Paris-Roubaix : encore Van der Poel malgré Pogacar

Deux questions. Que serait-il advenu du sort de Paris-Roubaix si, à 39 kilomètres du but, Tadej Pogacar avait mieux négocié le virage abordé trop vite et dans lequel il chuta ? Aurait-il réussi son incroyable pari de remporter Paris-Roubaix pour sa première participation ? Et pareillement, s’il n’avait pas chuté, aurait-il pu profiter de la crevaison de son rival à moins de 20 kilomètres du vélodrome, Van der Poel ne perdant que 20 petites secondes sur cet incident ? On n’aura donc jamais les réponses…

Toujours est-il que le champion néerlandais a réussi l’incroyable coup de trois après ses succès de 2023 et 2024, remportant ainsi son huitième "Monument" une semaine après avoir cédé face à son rival slovène dans le Tour des Flandres et après l’avoir dominé dans la "Primavera" de Milan-San Remo en tout début de saison des classiques. Les "mines d’Arenberg"…

Les deux hommes auront en tous cas marqué ce Paris-Roubaix couru dans des conditions météo favorables, sans pluie et vent de dos la plupart du temps. C’est bien entendu dans l’interminable tranchée d’Arenberg que le sort de l’Enfer du Nord allait être scellé.

Sans complexe malgré son inexpérience dans l’épreuve, Pogacar plaça une première mine, relayé quelques centaines de mètres plus loin par Van der Poel. Deux accélérations qui explosèrent le gros de la troupe qui s’était contenté de tenir à distance le petit groupe de courageux qui avait pris les devants dans un scénario bien connu. Rejoints, ces aventuriers de la première heure n’allaient pas résister au rythme et aux violents coups de pédales du duo, les Pedersen, Van Aert et autre Ganna (contraint à une poursuite après crevaison). Seul Philippsen, compagnon de Van der Poel, accompagna les deux géants avant de céder, victime de leur rythme infernal et des coups de boutoir de l’insatiable triple vainqueur du Tour.

Virage fatal. Un peu comme attendu, il ne resta donc plus que ce duo en course pour le triomphe roubaisien. La suite, vous l’avez compris, se joua à un peu moins de 40 kilomètres lorsque Pogacar, emporté par sa fougue, aborda trop vite un virage à angle droit. De vingt secondes, l’écart passa au double puis au triple après un changement de vélo du Slovène, la crevaison de Van der Poel ne changeant rien à l’affaire. Et puis, faut-il préciser, une fois n’est pas coutume, le coeur de Pogacar n’y était plus. Il n’empêche, s’il n’a pas gagné, il aura beaucoup appris de sa découverte de l’enfer et, soyons en sûr, il reviendra pour gagner. Mathieu Van der Poel est prévenu qui visera, lui, un quatrième succès l’année prochaine.

Classement. 1. Mathieu Van der Poel (Alpecin-Deceunik), 2. Tadej Pogacar (UAE Emirate), à 1’18’’, 3. Mads Pedersen (Lidl-Trek), à 2’11’’, 4. Wout Van Aert (Team Visma) à 2’11’’, 5. Florian Vermeersch (UAE Emirates), à 2’11’’...