En Seine-Saint-Denis un ancien directeur de préfecture dénonce son éviction
Publié le Par Jennifer Declémy
AFP
Après le scandale de l'IGS, un ancien directeur de préfecture de Seine-Saint-Denis conteste son éviction qu'il qualifie aujourd'hui de "politique".
Il s'est tu pendant de longs mois après avoir finalement décidé de prendre la parole sur un sujet toujours aussi douloureux pour lui. Roland Perrot, préfet aux convictions de gauche, marié à une élue socialiste de Seine-Saint-Denis, était l'un des cinq directeurs de la préfecture de Bobigny jusqu'à un incident du 20 avril 2010 qui aurait scellé, selon lui, la fin de sa carrière administrative.
Ce jour-là, Nicolas Sarkozy vient en déplacement à Bobigny, à l'occasion de l'arrivée dans la préfecture de Christian Lambert, ce proche du Président. "Ce jour-là", explique l'ancien préfet, "on nous somme d'être présents dans le hall de préfecture, pour l'arrivée de Nicolas Sarkozy. Moi je reste dans mon bureau. Sans en parler aux dizaines d'agents dont j'avais la responsabilité car je n'ai jamais mélangé mes convictions de gauche avec le travail. Mais j'estimais que nous obliger à assister à l'installation du préfet par Nicolas Sarkozy, c'était une pratique pour le moins ambiguë, déplacée même". Un mois plus tard, le préfet sera remercié.
C'est le nouveau secrétaire général de la préfecture qui lui annoncera la nouvelle, lui expliquant discrètement que cela résulte "d'un fait du prince". Placardisé, il est rattaché auprès du préfet à l'égalité des chances. Moins d'un an plus tard il abdiquera et prendra sa retraite.
Pour se justifier, l'administration parle d'une mauvaise gestion du préfet Perrot et d'une désorganisation du service. On lui reproche notamment de ne pas avoir signalé à sa hiérarchie une enquête visant certains agents. Or, Roland Perrot a la preuve que cette accusation est fausse avec une note datée de 2009. Il a donc saisi le tribunal administratif de Montreuil qui a statué en décembre 2011 et a fait part de son étonnement face à cette "procédure irrégulière". L'affectation a été annulée mais Roland Perrot n'a pas rejoint la préfecture, écoeuré par de telles pratiques.
LEON PORTRARD
09/04/2012 10:22
Que c'est beau un " Etat irréprochable " ( sic ) , version Sarkozy et Lambert !