François Hollande et Angela Merkel en croisière pour un tête-à-tête à enjeux
Publié le Par Antoine Sauvêtre
President of the European Council - flickr
Le président de la République se rend dans la circonscription d’Angela Merkel pour 24 heures. Très intime, la visite sera ponctuée de discussions stratégiques.
Angela Merkel aime les visites diplomatiques romantiques. En 2013, la chancelière allemande avait emmené David Cameron et sa famille au château de Meseberg et invité le premier ministre polonais et son épouse à un dîner privé à Berlin. Il y a quatre ans, Nicolas Sarkozy avait pu apprécier une promenade très médiatique sur la plage de Deauville. Pour la réception de François Hollande, Angela Merkel l’emmène en croisière sur la Baltique. Derrière cette visite en comité restreint se cache des enjeux fondamentaux.
Répartition à la Commission
« Angela mène François en bateau » titre un post de blog du Monde. La métaphore est en effet facile car les deux chefs d’Etat vont négocier sur l’Europe alors que l’Allemagne est en position de force. Après les élections européennes du 25 mai, les deux leaders de l’UE vont se répartir les postes au sein de la future Commission européenne. Or au vu des résultats économiques de la France, de la popularité de François Hollande et des sondages catastrophiques pour le PS aux européennes, la chancelière allemande a toutes les raisons d’être sereine. D’autant qu’Angela Merkel n’a pas choisi le lieu de la rencontre par hasard. La ville de Straslund fait partie de la circonscription d’Angela Merkel, là où elle est très populaire. Les bains de foule pourraient bien impressionner le président français, encore sous le choc des huées essuyés à Carmaux.
L’Ukraine ?
La crise ukrainienne devrait également être au cœur des discussions. Face à la guerre civile qui pointe le bout de son nez dans l’Est du pays, aux positions de plus en plus fermes de Vladimir Poutine et à quelques jours d'une élection cruciale, l’Europe va devoir s’affirmer, sans brusquer. Sur ce point, rien ne devrait filtrer. La presse, invitée à un briefing samedi matin, n’est pas autorisée à poser des questions.
Autre objectif pour François Hollande : rassurer l’Allemagne. Très critiqué dans les médias allemands sur ses deux premières années à la tête de l’Etat, le président français va devoir défendre son bilan, et présenter son projet pour les trois prochaines années, notamment le pacte de responsabilité. Enfin, l’affaire Alstom ne devrait pas être oubliée. Son rachat par le groupe allemand Siemens est privilégié par le gouvernement français, mais l’américain General Electric devrait remporter le contrat.