Déjà vu également, l’invitation à quelque 600 participants, dont 500 représentants d'entreprises africaines et françaises, venus mercredi 4 décembre à Paris pour une conférence consacrée au « nouveau modèle de partenariat économique » avant l'ouverture, vendredi, du sommet pour la paix et la sécurité en Afrique. Bref ça pourrait ressembler à l’époque de l’après colonisation, où l’éminence grise du Général De Gaulle Jacques Foccard, faisait la pluie et le beau temps en Afrique (enfin la pluie pas trop !)
Sauf que la carte géopolitique du continent a changé. L'enjeu est de taille : la France, qui reste le premier investisseur en Afrique hors hydrocarbures, doit faire face à la concurrence chinoise suivie par celle de nouveaux acteurs comme le Brésil, les pays du Golfe, la Turquie ou encore la Malaisie. Entre 2000 et 2011, la part de marché de la France au sud du Sahara a décliné de 10,1% à 4,7%. En revanche, en l'espace de vingt ans, la part de marché de la Chine sur le continent africain est passée de moins de 2% (1990) à plus de 16% (2011). L'Afrique, dont le taux de croissance devrait atteindre 5,6% en 2013 et 6,1% en 2014, attire les convoitises. Il reste que les dirigeants africains semblent avoir mieux compris le fonctionnement de la finance off shore que la politique de réinvestissement dans des pays souvent riches… en matières premières. Il est vrai que les grands groupes français depuis une trentaine d’années y regardent à deux fois avant de se décider à y investir. Ce n’est également pas par hasard si la Chine, elle, a poussé la porte du continent. Tout d’abord, la mondialisation à marche forcée de l‘Empire du milieu n’étonne personne, ensuite les Chinois ne se préoccupent guère des questions humanitaires ou démocratiques qui agitent notre bon vieux continent.
Temps perdu
« La France a perdu du temps dans une réflexion stérile sur l'Afrique, à se demander comment se positionner face à ce continent qu'elle a si longtemps vu, d'abord et avant tout, comme une chasse-gardée, ou au mieux comme un démultiplicateur d'influence », a estimé le ministre de l'Economie Pierre Moscovici dans son discours d'ouverture à Bercy.
Le système d'influence de la France en Afrique, appelé « Françafrique » par ses détracteurs - terme emprunté à Houphouët-Boigny -, est sans doute périmé, peu de personnes s’en plaindront. Ranimer la flamme de la tradition militaire française en l’Afrique est-elle la meilleure réponse pour assurer sa présence sur le continent noir ? Une certitude demeure toutefois. L’Europe qui peut légiférer jusqu’à l’insignifiant reste bien éloignée des grandes manœuvres militaires. Cela n’étonnera personne, enfin si… Les historiens, plus tard !
Antoine Laray est journaliste économique et financier