L'arrêt de la télé publique grecque provoque l'émoi politique en France
Publié le Par Gaspar S.
Capture écran ERT
Le 11 juin à minuit, la télévision et la radio publiques grecques émettaient pour la dernière fois avant une coupure brutale. En France, de nombreuses personnalités politiques ont réagi à cette mort violente de la radiotélévision publique d'un état frappé par la crise.
Les images ont fait le tour de l'Europe et ont provoqué une grève générale en Grèce. En quelques heures – et sans préavis – le gouvernement Samaras a fermé la télévision publique grecque (ERT). Peu après l'heure du dîner, un écran noir a surpris les foyers helléniques. Idem pour la radio publique qui n'émet plus qu'un long silence. Cet événement, qui signale si concrètement la situation de la Grèce, n'a pas laissé insensibles les chefs de différentes formations politiques françaises.
Au gouvernement, Aurélie Filipetti a vu dans cet arrêt – peut-être temporaire – de la diffusion des chaînes publiques grecques «un symbole tragique». «Jamais la France n'acceptera sans une profonde amertume de voir qu'au sein même de l'Union européenne certains en arrivent à des extrémités pareilles», a-t-elle prévenu à propos d'une «décision absolument préoccupante». «Il n'est aucunement question que ça puisse se produire chez nous», a ensuite rassuré Nadjat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement.
«Symbole foudroyant»
Selon le socialiste Philippe Buisson, secrétaire national aux médias, «c’est une ligne rouge qui vient d’être franchie, conséquence des mesures d’austérité imposées à la Grèce qui menacent désormais le pluralisme d’expression, la liberté d’information et la création artistique». Dans un communiqué co-signé par Harlem Désir, Philippe Buisson «appelle le gouvernement grec à rouvrir ses espaces de libertés de communication au plus tôt».
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Au Front national, Marine Le Pen a vu dans cette fermeture brutale les «exigences de la Troïka européenne» ainsi qu'un «symbole foudroyant de la brutalité des politiques d’austérité conduites au nom de l’euro». Pour l'eurodéputée, «en France, il n’y a pas encore d’écran noir, mais la même dictature de l’euro et des banques est aux manettes, cachée derrière deux sigles interchangeables PS et UMP».
«Âge de pierre»
Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une «décision monstrueuse», ajoutant que «même la dictature des colonels n’avait pas osé». Dans un billet exalté, il écrit : «Tout, absolument tout, sera donc privatisé soit par mise en vente des secteurs publics soit par leur disparition pure et simple (…). L’Union européenne et les eurobéats nous ferons dévaler la pente libérale jusqu’au bout.»
Dans un communiqué, Nicolas Dupont-Aignan assure que «les peuples européens retiendront cette image digne d'une république bananière en plein coup d’État». «L'Union européenne est en train de ramener doucement mais surement la Grèce à l'âge de pierre. Cette entreprise de destruction a déjà coûté des milliards aux contribuables européens et n'a apporté que ruines et malheurs à nos amis grecs», écrit le député de Debout la République, pour qui «la troïka est en réalité le fossoyeur de la Grèce».