Euro 2012 : la France un pas en avant, trois en arrière

La France n’avait pas perdu depuis 23 matchs. Une série d’invincibilité qui a pris fin mardi soir face à la Suède, déjà éliminée. Alors que les Français devaient tout, sauf perdre par deux buts d’écarts, ils n’ont pas rempli leur contrat et peuvent remercier les Anglais d’avoir fait le boulot face à l’Ukraine, victorieux 1-0 grâce à un but du revenant Wayne Rooney. Mais cette deuxième place n’arrange pas leurs affaires : en lieu et place de jouer une équipe d’Italie privée de De Rossi et Chiellini, les tricolores devront affronter l’Espagne, championne d’Europe et du Monde en titre, ce samedi.

Laurent Blanc a sorti les deux buteurs contre l’Ukraine pour ce dernier match de poule : Yann M’Vila récupérait la place de Yohan Cabaye, souffrant, et Jérémy Ménez, sous la menace d’une suspension, a cédé sa place à Hatem Ben Arfa. On peut d’ores et déjà ressentir que leur présence dans le onze titulaire est indispensable.

M’Vila, à un poste qui n’est pas le sien, n’a pas été assez tranchant offensivement et Ben Arfa a réalisé un match épouvantable. Défensivement, une catastrophe. Mexès (suspendu contre l’Espagne) et Rami ont accumulé les erreurs de placement et ont perdu quasiment tous leurs duels. Heureusement, Hugo Lloris a réalisé un match exceptionnel, sans quoi la France aurait pu perdre plus largement. Il faut dire qu’en face, Zlatan Ibrahimovic était dans une forme exceptionnelle. Son but survenu à la 54^ème minute est probablement le plus beau de la compétition jusqu’à présent, avec ce ciseau du droit à l’entrée de la surface sur un centre de Larsson.

Avant de partir, Zlatan a pris le temps d’inscrire le plus beau but de l’Euro. AP Photo – Sergei Grits

Le but en fin de match, bien qu’anecdotique, renforce l’idée que la France était perdue et affolée tout au long de cette rencontre, abordant ce match de manière trop facile. Sachant que la qualification était quasiment en poche, elle est arrivée face à cette équipe suédoise les mains dans les poches, et en a payé le prix. Cette équipe de France a surtout et encore démontré son incapacité à jouer face à des équipes bien regroupées derrière. Ce fut le cas contre l’Angleterre et maintenant la Suède, plus joueuse certes, mais leur double rideau défensif a fait perdre la tête des Bleus. Seul Ribéry s’en en sorti devant, enchainant les accélérations, prenant de vitesse son vis-à-vis presque tout le temps. Ce ne fut pas suffisant, tant il était seul à enclencher ces mouvements. On notera l’apparition d’Olivier Giroud en fin de match qui aurait pu égaliser dès son entrée en jeu sur une superbe tête. Il aura joué une petite dizaine de minutes avec Karim Benzema mais leur association n’a été que brièvement entr’aperçue.

Laurent Blanc devra transcender son équipe si elle veut venir à bout de l’Espagne. AFP/Franck Fife

Contre l’Espagne, il faudra alors faire un choix : jouer son jeu et prendre le risque d’être rapidement étouffé par le Toque espagnol – Tiqui-taca – ou bien rester derrière, contenir les assauts espagnols qui ont également du mal offensivement face aux équipes repliées, avec des attaquants qui n’ont pas la pleine confiance de Del Bosque, puis jouer les contres à fond avec les dynamiteurs que sont Ménez et Ribéry. Il faut espérer un Karim Benzema étincelant, face à quelques-uns de ses coéquipiers du Real comme Ramos ou Casillas, car il est très loin du niveau de jeu qu’il affiche habituellement avec Madrid.

Comme d’habitude avec la France, elle est capable du meilleur comme du pire. Capable de perdre une Suède déjà éliminée et de manière honteuse, tout comme elle est capable de faire tomber la meilleure équipe du monde de ces quatre dernières années. Espérons que le pire soit passé.

Raphaël Didio