Claude Guéant tente en coulisses de réformer les accords de Schengen.
Publié le Par Jennifer Declémy
Pascal Pochard/Sipa
Le ministre de l'intérieur Claude Guéant fait son possible pour imposer à l'agenda européen les propositions du président sortant, ce qui ne va pas sans heurter d'autres acteurs européens.
Depuis son discours de Villepinte, Nicolas Sarkozy martèle qu’il faut en finir avec « l’Europe passoire » et pour cela, une réforme des accords de Schengen est nécessaire pour limiter les flux d’immigrés entrant en Europe, notamment en traversant la frontière entre la Grèce et la Turquie.
« Si je devais constater que dans les douze mois qui viennent il n’y avait aucun progrès sérieux dans cette direction, alors la France suspendrait sa participation aux accords de Schengen jusqu’à ce que les négociations aient abouti » avait alors déclaré le président candidat devant ses militants, promettant ainsi de mettre un frein aux flux migratoires venant en Europe, sans pour autant mettre au courant ses partenaires européens, pris de court par cette déclaration. Depuis lors, son ministre de l’intérieur, Claude Guéant, agit beaucoup dans les coulisses de Bruxelles pour mettre sur l’agenda la réforme voulue par son candidat.
Il était donc le 26 avril dernier à Luxembourg, avec ses partenaires européens pour relancer le débat sur ce sujet, en déposant notamment une lettre cosignée avec le ministre de l’intérieur allemand Hans-Peter Friendrich, qui réclame entre autres « la possibilité de fermer les frontières nationales dans le cas où un état membre se révèle incapable d’assurer ses obligations au titre de la protection des frontières extérieures de l’Union Européenne ».
Actuellement, seuls l’Autriche et la Hongrie soutiennent la demande franco-allemande, alors que la majorité des états membres se révèlent hostiles à une renégociation des accords de Schengen. Certains ministres n’hésitent d’ailleurs pas à accuser le président français en campagne d’électorale « d’instrumentaliser » cette question pour partir à la chasse des voix frontistes. Selon la ministre suisse Simonetta Sommaruga, « il y a un consensus chez les ministres pour dire que Schengen n’est pas le problème mais la solution, et que, tous ensemble, nous devons défendre nos frontières extérieures, ce qui implique de la solidarité ».