Nicolas Sarkozy exaspère ses voisins européens.
Publié le Par Jennifer Declémy
Après Angela Merkel qui se prépare à la victoire de François Hollande, c'est l'ensemble des dirigeants européens qui sont exaspérés par le ton anti-européen pris par Nicolas Sarkozy depuis son discours de Villepinte.
Depuis quelques semaines, le candidat Nicolas Sarkozy ne se vante plus de la proximité avec les autres dirigeants européens ni de leur soutien, qui avait pourtant été mis en exergue en février pour mieux faire la différence avec un François Hollande non-reçu par les autres dirigeants européens. Désormais en effet, il a changé de stratégie de campagne et a adopté une posture anti-européenne, qui ne plait guère à ses partenaires de l'Union Européenne.
C'est une enquête de Mediapart qui pointe du doigt l'exaspération que suscite le président français à l'étranger, en interrogeant notamment de nombreux représentants européens en poste à Bruxelles. Il apparait ainsi que l'image du français a considérablement décru ces dernières semaines, avec son discours de Villepinte surtout qui a malmené sa posture, au point où beaucoup d'eurodéputés, à l'instar de Guy Verhostadt, se demandent si Nicolas Sarkozy ne serait pas en fait le représentant de l'extrême-droite.
"Il cherche à affaiblir l'Europe, pour renforcer la France. Son slogan c'est bien la France forte, et pas l'Europe forte", note avec amertume le député autrichien Hannes Swoboda, tandis qu'un autre élu belge déplore "qu'il agite l'Europe tantôt pour se faire passer comme le grand sauveur de l'intégration européenne, et en même temps, il transforme l'Europe en un grand directoire franco-allemand". Et même le discret Herman von Rompuy a regretté les propos du président-candidat, se demandant publiquement "comment voulez-vous que les gens aient une image positive de l'Europe (...) si leurs leaders ne montrent pas qu'ils croient dans le projet européen ?".
Et ce sont aujourd'hui de plus en plus de voix qui comparent Nicolas Sarkozy à d'autres dirigeants populistes d'Europe, comme Viktor Orban, très décrié au sein des instances européennes, tandis que le virage de sa campagne inquiète grandement. "De Nicolas Sarkozy qui expulse des Roms, à Viktor Orban et sa politique en Hongrie, j'observe une tendance très dangereuse, qui consiste à affaiblir les institutions européennes, et donc le projet européen" critique l'autrichien Hannes Swoboda.
La gestion de la crise par le couple Sarkozy-Merkel suscite aussi énormément de critiques à Bruxelles, où beaucoup d'esprits réfléchissent déjà à de nouveaux pare-feu, en cas de récidive de crise de la dette. Et l'avis partagé est le suivant dans la capitale européenne "malgré les déclarations de Nicolas Sarkozy, la crise de l'euro est loin d'être finie (...) l'embellie des dernières semaines est davantage due aux deux Mario [Draghi et Monti] qu'à Nicolas".
Pour le moment, l'Union européenne et ses dirigeants attendent le résultat de l'élection française avant d'aviser sur la position à adopter. Et tandis que certains préparent l'arrivée de François Hollande, d'autres commencent d'un voir d'un bon oeil un changement à la tête de la France.