À chaque fois, c'est la même chose !
Les négociateurs arrivent remplis d'espoir en se disant que la conférence a été bien préparée et qu'il est plus que temps d'arriver à un résultat tangible. Puis les consultations se succèdent sans que rien n'avance. On feint encore d'y croire. Alors, on joue les prolongations. Ça donne l'impression qu'il existe une réelle volonté d'aboutir. À la finale, un vague texte de vagues promesses est adopté. Il ne servira à rien, sinon à annoncer de futures conférences qui, elles, croix de bois, croix de fer, seront décisives. Tous les participants s'applaudissent comme s'ils avaient remporté une victoire et reprennent aussitôt leurs valises. Les écologistes, qui, à l'extérieur, pendant ce temps-là, avaient multiplié alertes et manifestations de rue, souvent avec talent et imagination, repartent écœurés avec leurs pancartes et leurs baudruches.
Il est désolant de le constater : Copenhague-Lima, même non-combat !
Pourtant, un coin de ciel bleu était enfin apparu entre les lourds nuages de la pollution mondiale : le sommet des chefs d'État qu'avait organisé en septembre le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, semblait porteur d'espérance et, divine surprise, les Etats-Unis et la Chine, quelques semaine après, avaient signé un accord bilatéral !
Inertie
Tout ça pour un "accord minimal" et "quelques pas dans la bonne direction". Le pire est qu'il existe désormais un quasi consensus sur les causes du réchauffement climatique, sur ses effets sur le niveau de la mer, la faune, la flore, etc. Plus encore : les experts sont à même aujourd'hui de nous sortir un calendrier des catastrophes à venir. Les études et projections sont de plus en plus précises. Le temps joue contre nous et nous, nous passons notre temps à des considérations géopolitiques, à des objectifs de croissance économique, à des discussions de marchands de tapis pour établir les compensations financières que sont en droit d'attendre les pays les moins développés.
Faudra-t-il attendre que tous les Chinois meurent asphyxiés, que les millions d'habitants qui s'entassent dans les grandes métropoles en bord de mer soient noyés pour que les responsables agissent enfin ? C'est-à-dire quand il sera trop tard. Nul besoin de bombes atomiques pour faire le ménage dans l'espèce humaine ou plutôt, dans toutes les espèces. L'homme y pourvoira lui-même. Par sa propre inertie.
Alors, le gouvernement français ferait bien de rester prudent sur les résultats qu'il espère du nouveau rendez-vous mondial, en décembre 2015 à Paris. Si François Hollande compte sur cette conférence pour redonner un peu d'éclat à son quinquennat et laisser une marque durable, positive, voire historique, de son passage à l'Élysée, il risque fort de devoir se contenter d'un "accord minimal" ou de "quelques pas dans la bonne direction".
Et ce ne sera pas de sa faute…
Patrick Béguier est journaliste et écrivain.