Mondial 2022 au Qatar : Blatter admet une « erreur »
Publié le Par Raphaël Didio
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Le président de la Fédération international de football association (FIFA), Sepp Blatter, a reconnu que confier l’organisation du Mondial 2022 au Qatar était une « erreur ».
Sepp Blatter est-il parti en campagne ? Rien n’est moins sûr. Alors que sa candidature officielle n’est pas encore d’actualité, bien qu’il ait reconnu l’envie de continuer sa mission, le président de la FIFA a reconnu dans une interview à la radio-télévision suisse RTS que la coupe du Monde 2022 au Qatar était une « erreur. « Vous savez, tout le monde [en] commet dans la vie. » Ce sont les complications quant au calendrier qui ont fait visiblement changer d’avis Sepp Blatter.
« Le rapport technique du Qatar indiquait bien qu'il faisait trop chaud en été, mais le comité exécutif [de la FIFA] avec une majorité assez large a décidé qu'on [allait] jouer au Qatar », a-t-il rappelé, avant d’avouer qu’« II est plus que probable » que le Mondial 2022 se jouera en hiver. Des propos raccords avec ce qu’il avait déclaré le 21 avril dernier : « La meilleure date serait la fin de l'année. Il faut quand même rester un peu réaliste. Pour moi, si on change – et on va changer, parce qu'on ne peut pas jouer en été, bien que le Qatar insiste –, on doit jouer en hiver à la fin de l'année ».
Des morts en pagaille
Mais le climat seul n’inciterait pas Sepp Blatter a reconnaître qu’il avait fait une erreur. Depuis septembre dernier, des syndicats et organisations non gouvernementales ne cessent de dénoncer des conditions proches de l’esclavagisme concernant les ouvriers immigrés, en provenance d’Asie pour la plupart. L’eldorado apparent qu’offre le riche émirat est une aubaine pour les travailleurs des pays pauvres, et la construction des infrastructures pour le Mondial nécessitait une grosse main d’œuvre.
Malheureusement, tout cela a tourné au drame : des centaines de morts depuis deux ans à en croire les ambassades indienne ou népalaise, mais le Qatar continue de nier ces allégations. « Nous avons une part de responsabilité, mais nous ne pouvons faire preuve d'ingérence dans les droits des travailleurs. Nous insistons pour dire que les responsabilités incombent premièrement à l'Etat du Qatar et deuxièmement aux entreprises qui emploient les travailleurs », avait déclaré M. Blatter le 21 mars dernier, d’après qui la FIFA « peut aider à travers le football à résoudre ce problème ».
Des pressions de la France et l’Allemagne
Quant aux soupçons de fraude autour de la désignation du Qatar comme pays hôte, Sepp Blatter a botté en touche tout en égratignant la France et l’Allemagne au passage : « Je ne dirai jamais qu'ils [les Qataris] ont acheté [le Mondial], mais il y avait une pression politique, venant aussi bien de France que d'Allemagne. » « On sait très bien que des grandes maisons françaises et des grandes maisons allemandes travaillent au Qatar. Mais ils ne travaillent pas seulement pour la Coupe du monde ! », a-t-il précisé.
La désignation du pays hôte de la Coupe du monde 2022 a été annoncée le 2 décembre 2010 et, à Paris, le président français Nicolas Sarkozy avait alors organisé à l'Elysée une réunion en compagnie du président de l'UEFA Michel Platini et du premier ministre du Qatar avant l'attribution du Mondial. Une réunion qui n’a pas « choqué » le président de la FIFA, puisqu’il a été « informé immédiatement après », en toute « transparence ». « Je vois mal le président suisse » faire de même a-t-il cependant ajouté.
En campagne
Reste la question de la campagne. S’il ne s’est pas encore déclaré officiellement, on se doute bien que le Suisse de 78 ans ira briguer un cinquième mandat. Face à lui, un seul candidat déclaré pour le moment, le Français Jérôme Champagne, 55 ans, ancien vice-secrétaire générale de la FIFA mais dont les chances sont extrêmement faibles face à Sepp Blatter.
Quant à Michel Platini, le président de l'Union européenne de football (UEFA), il a précisé à maintes reprises qu’il attendrait la fin du Mondial pour se prononcer. L’ancien champion d’Europe 1984 avec les Bleus se considère d’ailleurs comme la « seule personne à pouvoir battre Blatter ». On ne voit pas, dans ces conditions, les raisons qui le pousseraient à ne pas se présenter.