SportExpress/Selon que vous soyez puissant...
Publié le Par Jacques-Henri Digeon
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Le tennis dans la tourmente, le ski français fanny et les milliards saoudiens… L’actualité sportive vue au-delà du strict résultat.
Vous vous appelez Machin ou Bidule, vous faites du sport de compét’ mais bien loin des ténors, vous avez un jour pris un complément alimentaire et vous vous êtes retrouvé positif parce que vous n’aviez pas vu qu’il y avait un truc pas très autorisé dedans. Et comme vous n’avez pas trop les moyens de défendre votre bonne foi, vous allez en prendre pour un an, voire plus.
En revanche, si vous faites partie du gratin, vous aurez plus de chance de passer au travers des mailles du filet de la suspension, en plaidant, comme tout le monde, votre bonne foi, en argumentant que vous avez été trompé, que quand même vous n’avez pas besoin de "ça" vu votre carrière, on en passe et des meilleures.
Là, le tennis vient de franchir un cap. Jannick Sinner, numéro un mondial, positif au clostebol, un anabolisant, contrôle révélé par l’Agence internationale pour l’intégrité du tennis. (ouaouh!). Et l’Italien de plaider l’un des habituels refrains : il n’avait pas l’intention de tricher, il est victime d’une contamination accidentelle (un massage!). Et ça a marché. S’appuyant sur sa bonne foi (ils sont tous de bonne foi surtout un numéro un), l’Agence mondiale antidopage (AMA) lui a infligé le minimum, trois mois au lieu des deux ans initiaux, à l’issue d’un « accord de règlement »... Allez donc savoir ce que cela signifie.
Inutile de dire que dans le monde de la petite balle jaune, ça grince. L’Australien Nick Kyrgios déclare que c’est un « jour triste pour le tennis. » Quant au Suisse Stan Wawrinka, il se dit écoeuré et « ne plus croire en un sport propre » avant d’affirmer qu’il renoncerait à affronter Sinner si un tirage les opposait. Si dans ce cas, c’est le tennis qui est montré du doigt, c’est aussi la fiabilité de l’agence mondiale qui montrée du doigt. Et la lutte contre la triche qui en prend un coup.
‘’Selon que vous soyez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », écrivait La Fontaine dans ‘’Les Animaux malades de la peste’’….
Des chiffres...
0. Comme le nombre de médailles du ski français aux Mondiaux de Saalbach. Il faut remonter à 2005 (Mondiaux de Bormio) pour enregistrer un tel fiasco. Les derniers espoirs reposaient sur les skis de Clément Noël, l’actuel meilleur slalomeur mondial. Mais alors qu’il avait remporté la première manche, il a enfourché une porte dans la deuxième. Quand ça veut pas, ça veut pas…
1. Comme un milliard d’euros ! C’est le contrat proposé à Vinicius Junior, le Brésilien du Real, par l’Arabie saoudite qui, en plus de vouloir accueillir les plus grandes compétitions, veut se payer les plus grands joueurs pour son "petit" championnat. Un milliard sur cinq ans ! Sauf que du côté du club madrilène, on a fixé la clause libératoire du joueur à… un milliard. Le joueur a "démenti" tout départ en affirmant qu’il a un contrat jusqu’à 27 ans (il en a 24) et qu’il le respectera. Mais selon l’entourage du joueur, la proposition serait « impossible à refuser ». Le joueur résistera t-il aux sirènes saoudiennes…
12. Comme le nombre de titres mondiaux remportés à ce jour par Johannes Boe. Après avoir égalé samedi ses deux glorieux prédécesseurs, les légendes Bjoerndalen et Fourcade, le Norvégien les a d’abord rejoints avec son succès en Sprint puis dépassé dimanche en remportant la Poursuite des Mondiaux de biathlon en Suisse. Toutes compétitions confondues, il atteint l’impressionnant total de 90 succès individuels. A cinq unités des 95 de Bjoerndalen. Et la saison s’achève fin mars...
… et des mots
Motivation. « J’ai entendu ma fille pleurer toute la course parce qu’elle devait avoir froid et ça la saoulait certainement... » Rien n’est plus important que la famille pour Justine Braisaz-Bouchet. Outre sa supériorité au tir et sur les skis, la présence de son mari et de sa petite fille sur les bords de la piste du Sprint des Mondiaux de biathlon, a visiblement joué pour son succès et son troisième sacre mondial en individuel et le cinquième toutes disciplines confondues. Une motivation comme une autre...
Décideurs. « Les décideurs sont infiniment plus intelligents dans le rugby que dans le foot. » Maxime Saada, le patron de Canal+, n’a pas la langue dans sa poche. Ecartée par les instances du football au profit d’abord de MediaPro (ce qui fut un énome fiasco) puis de DAZN qui n’attire que 500.000 abonnés au lieu des 1.500.000 espérés, la chaîne cryptée avait été l’efficace diffuseur des rencontre de Ligue 1. Mais la Ligue de football professionnel, bercée par les sirènes des centaines de millions, a fait ses choix. Du coup, Canal a choisi le rugby du Top14 et de la ProD2. Et ça fonctionne très bien. Et les clubs de foot voient leurs revenus promis s’envoler...
Grosse tête. « Je pensais mériter plus de confiance de la part du staff. C’est une grosse frustration parce que j’ai été sur tous les relais médaillés, ces six, sept voire plus dernière années. Je pense être le meilleur relayeur et je n’ai pas eu la confiance du staff ... » Quentin Fillon-Maillet en avait gros sur la patate de n’avoir pas été choisi pour le relais mixte des Mondiaux de biathlon. Mais de là à affirmer qu’il était le meilleur, il y avait un pas qu’il a osé franchir. Ses résultats, notamment au tir, et en dépit d’une victoire en décembre, n’étaient pas en sa faveur. Manque de sportivité, grosse tête et en tous cas pas dans l’esprit biathlon...
(Sources : L’Equipe, Le Parisien/Aujourd’hui en France, Ouest-France,