Mondial/Le rêve brisé des Bleus
Publié le Par Jacques-Henri Digeon
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L'Argentine a remporté aux tirs au but une finale mondiale qui s'inscrira dans la grande histoire du foot pour les émotions qu'elle a suscitées.
Il n'y a que le foot pour de telles émotions, de telles incertitudes, de tels renversements, de tels espoirs. Remportée par l'Argentine après la toujours dramatique et cruelle séance de tirs au but, cette finale du Mondial 2022 au Qatar restera comme la plus incroyable, la plus irrationnelle.
Et ce sera finalement l'Argentine qui ajoutera une troisième étoile sur son maillot plutôt que la France, une France qui n'aura pas réussi l'extraordinaire pari de conserver son titre de 2018 laissant à l'Italie cet honneur du doublé qui date quand même d'une autre époque (1934, 1938).
Bon, autant le dire tout de suite pour évacuer la déception hexagonale, on pourra toujours regretter qu'une finale de Mondial se joue de cette manière. Mais avouons-le également dans la foulée, il n'y aura pas à crier à l'injustice : l'Argentine l'aura bien méritée, cette troisième étoile après celles de 1978 et 1986. Sans oublier que Lionel Messi, le septuple Ballon d'Or et meilleur joueur de la planète mérite aussi ce sacre pour tout ce qu'il a apporté de belles images au football.
Ce qu'il y a d'extraordinaire dans cette finale, c'est que, jusqu'à la 79e minute, personne n'aura trouvé à redire sur un probable succès de l'Argentine. A ce moment, les Sud-Américains filaient vers ce troisième sacre. Ils menaient 2-0 grâce à un penalty (un peu sévère quand même...) de Messi (21e, 1-0 pour l'Argentine) et un extraordinaire but de Di Maria au terme d'une contre-attaque qui avait mystifié les Bleus (36e, 2-0 pour l'Argentine). Il n'y avait rien de plus logique tant Messi et ses coéquipiers tenaient le match et ne laissaient que des miettes à des Français totalement hors du coup, dépassés par la vitesse, l'organisation, la détermination des ciel-et-blanc et incapables de porter le danger dans le camp adverse. Didier Deschamps n'eut d'ailleurs d'autre ressource que de remplacer Giroud et Dembélé inexistants par Kolo Muani et Thuram pour espérer sonner le réveil de ses troupes. « Les Argentins jouent une finale de Coupe du Monde, pas nous », avait d'ailleurs confié le sélectionneur français au micro de TF1 juste avant la reprise.
Même si les Bleus se montrèrent un petit peu plus entreprenants, ils durent encore subir les coups de boutoir des Argentins et restèrent à la merci d'un troisième but, synonyme de défaite définitive.
Mais voilà, le foot n'a pas son pareil pour tout remettre en cause. Et lorsque Mbappé transforma le penalty pour une faute sur Kolo Muani (79e, 2-1 pour l'Argentine), les Bleus et tout un pays se remit à espérer. Encore plus lorsque ce diable de KMB récidiva quatre minute plus tard d'une puissante et précise reprise de volée à l'issue d'un une-deux avec Thuram (83e, 2-2). Tout était remis en cause, l'espoir changeait de camp, les Bleus retrouvaient de l'allant et les Argentins perdaient les pédales.
Dès lors, le match s'emballait et l'on imaginait que tout pouvait arriver dans cette finale devenue enfin une vraie finale de Mondial. Même lorsque Messi redonna l'avantage en reprenant un tir à bout portant repoussé par Lloris (108e, 3-2 pour l'Argentine). Bien que de nouveau ballotés, les Français eurent le mérite de se battre jusqu'au bout de leurs forces à l'image d'un Varane qui sortit épuisé et d'y croire, y croire encore. C'est peut-être ce qui fait la force des ces Bleus, cocktail de joueurs d'expérience et de jeunes loups aussi talentueux qu'ambitieux.
Et c'est alors que tout fut remis en cause pour les Sud-Américains. Une main d'un de leurs défenseurs sur un tir de Mbappé offrait au Parisien l'occasion en or, occasion qu'il ne manqua pas (116e, 3-3). Un triplé qui finalement ne servira à rien. La fin des prolongations offrit aux supporteurs des deux équipes quelques sensations fortes mais ce fut finalement aux tirs au but qu'allait se jouer cette incroyable finale qui, à défaut d'une véritable opposition entre deux nations majeures du football restera dans les annales.