SportHebdo : le Tournoi, c’est LE Tournoi !
Publié le Par Jacques-Henri Digeon
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Ils l’ont déclaré sur les terrains et dans les salles, ils l’ont lâché en zone mixte ou en conf’de presse, ils l’ont écrit dans la presse, ils l’ont dit sur les antennes, on l’a vu ou entendu à la télé : l’actualité sportive vue au travers des mots et d’un autre œil.
A la mode Piqué… « On l’appelle le plus grand tournoi du monde. Pourquoi voudriez-vous ajouter d’autres équipes qui vont faire baisser le niveau de la compétition. Les Six Nations ont quelque chose de particulier en raison de l’histoire des relations entre sélections. C’est ce qui le rend encore plus exceptionnel. » Et c’est un Australien qui le dit ! Cet Australien, c’est Eddie Jones, le patron de l’équipe d’Angleterre, qui n’a jamais la langue dans sa poche (sauf quand l’équipe à la Rose s’incline au Stade de France…) quand il s’agit de défendre les valeurs du rugby. Alors si l’on a pu sourire de ses déclarations pré-France-Angleterre (en résumé : ‘’les p’tits Bleus, y vont voir ce que c’est que la brutalité du niveau international’’…) et de son silence post-défaite, cette fois, on ira dans son sens. En clair, dit-il : pas touche au Tournoi des 6 Nations. LE Tournoi, c’est la référence du rugby mondial, mieux encore que le Tri-Nations du Sud (Australie, Afrique du Sud et Nouvelle-Zélande et Argentine). Le Tournoi, c’est le Crunch entre les deux meilleurs ennemis, France et Angleterre ; c’est la Calcutta Cup entre l’Ecosse de William Wallace (Braveheart) qui a combattu l’Angleterre d’Edouard 1er ; le Tournoi, c’est encore le Poireau gallois et le Trèfle irlandais qui défient la Rose anglaise. Et pendant un mois, Twickenham, le Millenium, l’Aviva Stadium, Murrayfield, le stade olympique romain et le Stade de France résonnent des clameurs et des passions de ces Quinze de la vieille Europe, de ses grands chelems et vivent des souvenirs des légendaires banquets d’après-match… Tout cela pour dire que le projet de six à neuf nations dans quelques années, c’est éroder un peu plus les valeurs du rugby au profit… du profit financier. Juste une histoire de gros sous : « Le Tournoi fait face aux mêmes défis que la NBA et les autres sports. Elargir le noyau des fans et conquérir de nouveaux marchés » avait d’ailleurs déclaré Benjamin Morel, président du Comité des 6 Nations, a rappelé Richard Escot (L’Equipe du 12 février). Ce qui n’est sans rappeler les motivations de Gerard Piqué, le fossoyeur de la légendaire Coupe Davis, devenue spectacle et pompe à fric. Alors messieurs du rugby mondial, vous imaginez un Tournoi des 9 Nations avec l’Afrique du Sud, le Japon et les Fidji. Même si les rugbys du bout du monde, nippon et pacifique, sont émergents, vous imaginez les jonglages du calendrier entre les matches des championnats français ou anglais, les voyages et décalages horaires. Sans parler des répercussions sur la santé des joueurs Alors, même au risque de passer pour des réacs de l’ovale, nous on dira non, non et trois fois non à un Tournoi à neuf. Le Tournoi, c’est ‘’Le’’ Tournoi, point final !
Comme à vélo. « Il y avait de l’intox, de la tactique, c’était superplaisant (…) J’ai essayé de jouer tactiquement, comme un cycliste. J’ai pensé à Nans* qui a gagné ici, à plein de souvenirs de vélo... Ca a payé, c’est incroyable. » Ce n’est pas un cycliste qui le dit mais un biathlète. Et champion du monde ! En fait, Emilien Jacquelin, sacré roi de la poursuite à Antholz en Italie devant le grand favori Johannes Böe, s’est bien souvenu de sa brève carrière de cycliste dans l’emballage final. Il l’a joué finement et comme il n’y avait pas de peloton derrière, il a pu gérer son sprint face au Norvégien. Le cyclisme mène à tout…
*Nans Peters, ami de Jacquelin et coureur d’AG2R, a remporté une étape du Giro 2019 à Antholz-Anterselva
Vite dit, au sprint « Je n’aurai pas la présomption de penser que nous y parviendrons, ce serait ridicule, ils ont gagné sept tours. Mais chez Jumbo-Vista tout a été pensé pour ça, ce sera notre challenge. » ‘’Ils’’ ce sont les coureurs de Ineo (ex-Sky) victorieux sept fois du Tour de France en huit ans. Mais Primoz Roglic, numéro un mondial 2019, a bien l’intention de mettre fin à cette domination…
« C’est une grosse satisfaction, vu d’où je viens… Ca doit faire longtemps que je n’ai pas fait un tel début de saison. » Deux victoires à la mi-février, ce n’était jamais arrivé à Nacer Bouhanni. Après deux ans de disette et de mauvais ‘’karma’’ chez Cofidis, le sprinteur retrouve ses sensations chez Arkéa-Samsic. Pourvu que ça dure…
« Cette victoire est un cadeau pour tous les Français qui me soutiennent. J’espère que ça va nous donner de la force pour toute la saison car ce n’est que le début d’une grande ère avec Arkea-Samsic. ». Lauréat du Tour de La Provence grâce à son succès solitaire sur le Ventoux, Nairo Quintana, a confirmé les ambitions de la jeune équipe bretonne. Et confirme le rêve de son manager, Emmanuel Hubert, de postuler à la victoire dans un grand Tour d’ici deux ou trois ans. Nous, on aime…
LA phrase. « C’est primordial que ce jour soit un jour de recueillement (… ) C’est impensable qu’on puisse commémorer la tragédie d’un côté et de l’autre faire la fête pour une victoire. ». » Présidente du collectif des victime, Josepha Guidicelli,qui y avait perdu son père, peut être satisfaite…Vingt-huit ans après l’effondrement de la tribune de Furiani qui avait fait 18 morts et plus de 2300 blessés, l’Assemblée nationale a voté pour[JD1] qu’il n’y ait aucun match de football le 5 mai (même si c’est un week-end), date anniversaire de la tragédie (5 mai 1992), une décision toujours refusée par les instances du football prétextant des soucis de calendrier. Une finale de Coupe de France avait même été programmée le 5 mai 2012 avant d’être reportée. C’était la moindre des choses…
(Sources : L’Equipe, Le Parisien/Aujourd’hui, internet)