Rugby et tennis : des Bleus dans le noir
Publié le Par Jacques-Henri Digeon
FFR
Après le Black saturday des All Blacks la semaine dernière, c’est au tour des Bleus du rugby et du tennis d’être dans le noir.
« L’équipe de France a pour elle son opiniâtreté et une accoutumance à la médiocrité de ses performances qui lui tient lieu d’unique talent »… « Une certaine France du tennis a voulu croire au super pouvoir éternels du plus grand des manitous du tennis français »… Ces deux phrases extraites des articles de Pierre-Michel Bonnot et de Franck Ramella, dans L’Equipe (dimanche 25 et lundi 26 novembre) illustrent de manière réaliste la dégringolade du rugby et du tennis français traduites ce week-end par la débâcle du Quinze de France face aux Fidji et la défaite sans relief et sans combat des Français face aux Croates en finale de Coupe Davis.
Transparent. La victoire face à des Argentins usés et sans imagination avait laissé croire à de meilleurs lendemains. Mais badaboum ! Les Bleus de Jacques Brunel sont retombés dans leurs travers sans gloire, sans imagination, sans combattre et peut-être même sans y croire face à des Mélanésiens certes sans génie mais animées d’une flamme qui faisait plaisir à voir. Jacques Brunel, justement parlons en. Installé par Bernard Laporte, il présente un bilan de trois victoires contre huit défaites le pire score des sélectionneurs. Il ne sera pas remplacé a affirmé son pote président. Mais est-il vraiment l’homme de la situation, lui qui ne croit pas que son groupe « ait perdu confiance » ou qui a vu « des gens (joueurs) impliqués » ( !) et qui n’a laissé apparaître aucun sentiment de colère ou de révolte ce qui aurait été légitime sans même assumer ses choix ou se remettre en cause.
Alors tant qu’à garder ce sélectionneur transparent à l’image du jeu proposé et protégé, ne lui faudrait-il pas tirer un trait sur le prochain Tournoi voire pourquoi pas le Mondial japonais dans moins d’un an et prendre le risque de sortir du jeu ces sénateurs certes doués mais trop installés, usés du Top 14 et de leurs trop plein de doutes et fonctionnant sur courant alternatif. A l’image de Guilhem Guirado, capitaine courageux loué par tous mais qui n’est peut-être pas le meneur d’hommes qu’il faudrait et Mathieu Bastareaud, remarquable gratteur de ballon, combatif en diable mais tout sauf imaginatif… Joueurs irréprochables mais auxquels il manque ce magnétisme qui sied aux grands leaders qui font les grandes équipes..
En bout de course. On n’en dira autant sur l’échec des tennismen français en finale de Coupe Davis. La France du tennis a eu beau y croire (ou faire semblant), il n’y a pas eu de miracle à Lille face à la Croatie.Et même si le duo Herbert-Mahut a pu redonner l’illusion d’un retournement, il n’a pu en être autrement avec des joueurs en bout de course ou débordés: Tsonga tout juste remis de ses huit mois d’absence, Pouille en plein désarroi d’une saison au zéro pointé, Chardy paralysé par l’enjeu. Et les autres n’auraient guère pu faire mieux : Gasquet trop fragile, Simon trop ‘’cérébral’’, Monfils trop ingérable, Paire trop caractériel…
Ah ! bien sûr, on nous avait dit que la Coupe Davis transcendait les Bleus. Sauf que lors de leur sorties précédentes depuis deux ans, les Bleus n’avaient jamais eu à affronter de top joueurs : le Canada sans Raonic, le Japon sans Nishikori, la Grande-Bretagne sans Murray, la Serbie sans Djokovic ou l’Espagne sans Nadal…
Mais là, il y avait un 7e mondial (Cilic) et un 12e (Coric) et ça a été un autre registre et notre grand gourou de Noah n’a pas réussi à galvaniser ses troupes pour rendre l’histoire belle, des troupes trop faibles comme en témoignent leurs médiocres résultats de l’année. Il quittera son brassard de capitaine pour une nouvelle vie loin de cette Coupe Davis, si chère au pays, qui disparaîtra sous sa forme actuelle, théâtre des plus beaux affrontements que le tennis pouvait offrir dans une compétition par équipe unique et mythique, ce grand saladier qui transcendait les Bleus… jusqu’à dimanche.
La France du rugby en plein désarroi et celle du tennis au fond du trou n’ont plus qu’à espérer la révélation d’un nouveau leader et attendre l’éclosion d’une nouvelle génération pour que se rallument enfin la flamme et la lumière.
Ils l’ont vraiment dit. A l’occasion des matches France-Fidji de rugby et France-Croatie de tennis Nous avons relevé quelques phrases fortes, phrases qui en disent long sur les illusions perdues et le désarroi des vaincus.
Avant France-Fidji : « On veut à la fois gagner et faire du spectacle » de Jean-Baptiste Ellisalde, entraîneur des trois-quarts ; optimisme béat et (ou) vœu pieux …
Après le double (gagné) contre la Croatie : « Lucas (Pouille) a des fourmis dans les jambes et va réaliser un match immense », de Nicolas Mahut ; là encore, optimisme béat et (ou) vœu pieux…
Après la défaite au Stade de France : « Maintenant, on va redescendre sur terre et on va manger de la merde », de Mathieu Bastareaud samedi soir ; c’est ce qu’on appelle ‘’être au fond du trou »…
Après son échec en Coupe Davis : « J’ai essayé mais je n’ai pas réussi. J’ai fait mon match et tout donné sur le terrain », de Lucas Pouille dimanche après-midi ; oui mais il aurait fallut donner plus que ‘’tout’’…
(Sources : L’Equipe, Aujourd’hui, internet).