Paris (75) Sport

PSG : Zlatan relance le débat des revenus des footballeurs

Publié le  Par Un Contributeur

image article

Les propos démagogiques de quelques politiques qui s’indignent des montants astronomiques déversés par le PSG pour s’attacher les plus grands joueurs mondiaux, Zlatan Ibrahimovic en tête, posent le débat : les politiques comprennent-ils vraiment l’enjeu en cours ? - Par Raphaël Didio

 

On a cette vive impression que les politiques ne se rendent pas réellement compte que le football est aujourd’hui devenu un business à part en entière, au même titre que les sports US, au même titre que le cinéma ou encore la musique. Freiner cet essor économique est une très grave erreur. S’insurge-t-on des cachets astronomiques versés à certains acteurs ? Une fois n’est pas coutume, Fréderic Thiriez, président de la LFP, a eu le bon mot concernant l’argent dans le Football lors d’une interview accordée au quotidien Le Parisien : « Il ne faut pas oublier que si Ibrahimovic est payé 12 M€ nets d'impôts par an, ça signifie que l'état va percevoir dans le même temps 12 M€ d'impôts (ndlr : faux, si la taxation à 75% des salaires au-delà du million est promulguée - on verra ça plus bas). J'ai du mal à comprendre certaines réactions de nos élites, notamment de politiciens, qui font la fine bouche en donnant l'air de regretter l'arrivée d'Ibrahimovic. » avant d’ajouter fort justement « Pourquoi toujours cibler le football qui n'a pas les sportifs les mieux payés au monde ? Sur les cinq sportifs les mieux payés au monde il n'y a pas un seul footballeur. En golf, Tiger Woods gagne 53 M€ par an. Derrière on trouve des basketteurs NBA et Federer, un tennisman. En France il y aussi des comédiens, des metteurs en scènes et des chanteurs qui gagnent beaucoup plus que cela. Est-ce que le ministre de la Culture proteste quand Dany Boon gagne 26 M€ sur un film ? Non, parce que c'est de l'argent honnêtement gagné et qu'il fait honneur à la France. Dans le football c'est exactement la même chose. Refuser la notion d'argent dans le sport professionnel est une preuve d'immaturité de notre pays. L'année dernière, les clubs français et les joueurs qui évoluent en France ont rapporté à l'état 622 M€ en impôts et en charges sociales. »

 

La Moustache frétille de bonnes idées. Maintenant, il faudrait supprimer la Coupe de la Ligue… Photo : Humberto de Oliveira/Le Parisien

 

A l’heure où l’économie mondiale est en crise, que la France ne s’en porte pas mieux de ce côté-là, les membres du gouvernement, Valérie Fourneyron en tête, la Ministre des Sports, mais aussi sa prédécesseur Roselyne Bachelot, trouvent le moyen de crier au scandale devant les salaires indécents de Zlatan et ses coéquipiers du PSG. On citera Mme Fourneyron : « Ces sommes, elles sont astronomiques, déraisonnables. Elles sont à l'image de ce qu'on peut déplorer dans le secteur du football, c'est-à-dire l'absence de toute régulation et des déficits qui s'accumulent sur le plan européen. » et de confirmer la nouvelle imposition à 75% « Cette fiscalité, elle doit s'appliquer pour tous et de la même façon. Quand on a des revenus au-delà d'un million d'euros net, c'est normal qu'il y ait cette application de 75% de fiscalité, et contrairement à ce qu'on a pu entendre, à l'évidence, ça ne tue pas le football. »

 

 

 

Interview de Valérie Fourneyron à la sortie du conseil des Ministres et qui revient notamment sur le salaire de Zlatan Ibrahimovic. On notera qu’elle cite « 1,5 milliards d’euros de déficit à l’échelle Européenne ». Oui, c’est vrai, et c’est très grave. Mais en France, à l’issue de la saison 2010-2011, le déficit cumulé des clubs professionnels était de seulement 65M€. Cette saison, le PSG accumule un déficit de 100 Millions d’euros. Sauf que les investisseurs Qataris n’auront aucun problème pour renflouer les caisses et que le merchandising devrait rapporter gros au club parisien et s’attend à dégager des profits d’ici cinq ans. Toutefois, le PSG pourrait avoir des sanctions – pénalités financières jusqu’à exclusion des coupes européennes - de la part de l’UEFA et son fair-play financier si les comptes ne sont pas au vert d’ici la fin de la saison 2012-2013. « Les clubs devront présenter un déficit cumulé de 45 millions d’euros » déclarait Andrea Traverso, directeur du fair-play financier de l’UEFA. Seul le Bayern Munich, à l’issue de la saison 2010-2011, avait réussi à réaliser un bénéfice de 1,3M€.

 

Le Foot Français a besoin du soutien des dirigeants du pays

 

Pour en revenir aux déclarations de la Ministre des Sports et son avis sur l’impôt à 75% au-delà des revenus annuels de plus de 1M€ : « Ca ne tue pas le football », vraiment Mme Fourneyron ? Non, ça ne tue pas le PSG, dont la puissance économique quasi illimité des Qataris permettra d’offrir à l’Etat une coquette somme de 62 millions sur le salaire de Zlatan Ibrahimovic par saison (il a signé pour trois ans) grâce à ce nouvel impôt. Mais qu’en est-il, alors, des autres clubs ? Quelle autre écurie sera capable d’assumer des charges aussi monstrueuses ? Monaco, peut-être, grâce à son nouveau propriétaire Russe Dmitry Rybolovlev, qui a notamment réussi à attirer l’entraineur Italien Claudio Ranieri (ex-Juve, Chelsea, Inter etc.) en Ligue 2. Mais pour le moment, c’est bien tout. Même Lille, grâce à la vente d’Eden Hazard (40 millions d’euros) ne fait toujours pas de folies sur le marché – mais son Grand Stade pourrait faire la différence dans les saisons à venir. Quant aux deux Olympiques (OM-OL), ils n’ont même plus de quoi se payer un joueur sans vendre. Et Valérie Fourneyron de rajouter qu’elle souhaiterait un plafonnement salarial. Mais quand les politiques Français arrêteront de crier à l’injustice alors que ces clubs sont la possibilité d’avoir un nouveau moteur économique ? 

 

A peine arrivé qu’il fout déjà le boxon, le Zlatan… (ici avec Nasser Al-Khelaifi, président du PSG, et Leonardo, Directeur Sportif) Photo : Maxppp

 

La DNCG, unique au monde, permet déjà à tous les clubs Français d’avoir des finances saines et de ne pas faire des folies à l’instar des autres clubs étrangers. La DNCG a freiné nos équipes durant des années, mais c’était finalement un mal nécessaire, tant les débordements dans les autres pays Européens sont nombreux, notamment en Espagne et en Italie,  et certains clubs devraient avoir des belles surprises dans les années à venir grâce au Fair-Play Financier qui entrera en vigueur dès la saison prochaine. Donc, Madame Fourneyron, à quoi bon rajouter encore des contraintes aux clubs Français ? Faut-il rappeler les résultats de nos clubs en Coupe d’Europe ? Une Coupe des Champions remportée par l’OM en 93 (le presqu’équivalent de la Champion’s League), c’est derrière des pays comme le Portugal et les Pays-Bas, c’est l’équivalent de la Roumanie,  de l’Ecosse et de l’ex-Yougoslavie. Des pointures, donc. Deux coupes d’Europe au total, avec la Coupe des Coupes remportée par le PSG en 96. Mais non, en France, nous sommes adeptes de l’esprit Coubertin qui fait de la France un pays de loser romantique et qu’on peut faire de belles choses sans avoir recours à beaucoup d’argent. 

 

L’OM 93, l’OM de Tapie, un OM riche et ambitieux qui finira par être le seul club français à remporter la Coupe aux grandes oreilles. Ou quand l’ambition des clubs français est inférieure à zéro. Et on ne pourra pas blâmer Jean-Michel Aulas d’avoir essayé… Photo : Bogarts

 

Le Football est vecteur d’une économie colossale. Seulement, en France, on refuse de constater l’effervescence que ce sport pourrait véhiculer, sous prétexte que le sport ne doit pas être terni par l’argent. Sauf que c’est bien trop tard pour cela, que nos joueurs Français préfèrent filer à l’étranger, fort justement, pour jouer dans de meilleurs clubs et gagner beaucoup plus d’argent. Le fait que les très grands joueurs Français ne restent pas en Ligue 1 influent également grandement sur les résultats de l’Equipe de France. Et surtout, aucun grand joueur étranger, à de rares exceptions près et généralement en fin de carrière, ne souhaitent pas venir tâter le cuir en Ligue 1.

 

On ne citera pas nos stades vétustes dans sa grande majorité et dont la construction et la rénovation sont compliquées par d’énièmes contraintes administratives, l’absence d'investisseurs privés, les réticences de certaines municipalités propriétaires des stades ou encore les riverains… Et pourtant, les retombées économiques sont exceptionnelles : la LFP, via une étude Protourisme en 2010, pronostiquait quelques 8 milliards d’euros ainsi que 15 000 emplois entre 2011 et 2014 et 4000 emplois durables en vue de l’Euro 2016.

 

Bref, il est temps que la France cesse de cracher sur le dictat du pognon dans le foot. Aucun très grand club ne s’est bâti sans l’appui d’investisseurs très puissants. Et jusqu’à preuve du contraire, ce ne sont pas les contribuables français qui paient le salaire de Zlatan Ibrahimovic. C’est plutôt lui et ses copains, grâce à des impôts vertigineux, qui, à terme, renfloueront grassement les caisses de l’Etat. Et tout ça comment ? Tout ça en plaçant un ballon rond au fond des filets… Donc, plutôt que de stagner dans une médiocrité ambiante dont nos clubs et footballeurs français sont devenus les garants depuis plusieurs années maintenant, à défaut de quelques coups ici et là, il faut aller de l’avant et cesser de mettre des bâtons dans les roues sous le seul motif que « l’argent c’est mal ». Il est temps de grandir. D’ailleurs, il se pourrait que la taxe à 75% soit revisitée : les modalités de cette taxation ne sont pas définies et pourrait donner lieu à la création d'une nouvelle tranche d'imposition ou d'une contribution exceptionnelle. Alors, le changement, c’est maintenant ?

 

Raphaël Didio

 

 

 

 







Réagir

Si vous souhaitez voir votre commentaire apparaître directement sur le site sans attendre la validation du modérateur, veuillez vous identifier ou créer un compte sur le site Paris Dépêches.


Publier le commentaire

Me prevenir des réponses




Commande de vin

Vêtements bio

retour menuRetour au menu

© 2013 AMLCF - Réalisation : NokéWeb