Centrafrique : une jeune journaliste française a été « assassinée »
Publié le Par Antoine Sauvêtre
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Une photojournaliste française a été assassinée en Centrafrique, confirmait l’Elysée mardi soir. Camille Lepage, 26 ans, couvrait le conflit depuis le début des violences pour plusieurs titres de presse.
Camille Lepage n’avait que 26 ans. Mardi 13 mai, l’Elysée confirmait que son corps avait été retrouvé par des soldats de l’opération Sangaris dans une voiture conduite par « des éléments anti-balaka », des milices chrétiennes lourdement armées qui persécutent la population musulmane. Au moment du contrôle, le véhicule se trouvait « dans la région de Bouar », dans l’ouest du pays, près de la frontière avec le Cameroun, précise l’Elysée.
La jeune photojournaliste couvrait le conflit depuis le début des violences en Centrafrique. Selon une source militaire, elle était « en compagnie des anti-balaka pour son reportage. Ils seraient tombés dans une embuscade certainement tendue par des éléments armés qui écument la région. Elle a subi des tirs et les anti-balaka ont remonté le corps ainsi que ceux de leurs compagnons ».
Passion du journalisme
Camille Lepage, originaire d’Angers (Maine-et-Loire) s’était installée au Soudan du Sud en 2012 après avoir obtenu son diplôme de journaliste. Puis elle a rejoint la Centrafrique début 2013 pour couvrir les violences avant même le début de l’intervention française. Rattachée à l’agence de photographie Hans Lucas, elle collaborait avec plusieurs médias dont Le Parisien-Aujourd’hui en France ou Le Monde. Sur son compte Twitter, la jeune journaliste indiquait, le 6 mai, qu’elle venait d’embarquer avec les anti-balaka pour un reportage.
Travelling with the Anti Balaka to Amada Gaza, about 120km from Berberati, we left at 3.30am to avoid… http://t.co/7gM9Aa47yi
— Camille Lepage (@CamilleLep) 6 Mai 2014
Sur RTL, sa mère a témoigné des motivations qui ont amené sa fille jusqu’en Centrafrique : « Ma fille était une fille exceptionnelle, elle avait la passion du journalisme […] Elle n’avait qu’une envie, c’était de témoigner sur des populations dont on ne parlait pas et qui était en danger. Elle n’avait pas peur ». Pour autant, selon la cofondatrice de l’agence Hans Lucas, Virginie Terrasse, « ce n’était pas du tout une tête brulée. Elle savait exactement ce qu’elle faisait ».
Pas d’impunité
François Hollande et Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères ont tous les deux réagi à cet assassinat. Le premier a d’abord expliqué que Camille Lepage était « sans doute tombé dans un guet-apens », avant de souligner que son assassinat ne resterait pas « impuni ». Le président de la République a également mis en garde les journalistes et leur demandant de « faire leur travail, et en même temps de prendre d’infinies précautions ».
De son côté Laurent Fabius a réagi sur Twitter, d’abord en exprimant ses condoléances à la famille de Camille Lepage, puis en affirmant qu’il « ne saurait y avoir d’impunité pour ceux qui, à travers les journalistes, s’en prennent à la liberté fondamentale d’informer et d’être informé ».
Il ne saurait y avoir d’impunité pour ceux qui, à travers les journalistes, s’en prennent à la liberté d’informer et d’être informé
— Laurent Fabius (@LaurentFabius) 13 Mai 2014
L’AFP signalait que la disparition de Camille Lepage portait à 18 le nombre de journalistes tués dans l’exercice de leur métier depuis 1989. Deux autres sont toujours portés disparus depuis 2003 et 2004.