Typhon aux Philippines : les secours tentent de s’organiser
Publié le Par Antoine Sauvêtre
European Commision DG ECHO - flickr
Au milieu du chaos, les secours de la communauté internationale essaient tant bien que mal de s’organiser. Des experts appellent à la prudence et à ne pas répéter les erreurs du tsunami en 2004.
Quatre jours après le passage du typhon Haiyan aux Philippines, l’aide internationale est arrivée dans la région sinistrée. Mais elle fait face à des conditions de travail très laborieuses. Les voies d’accès au centre du pays sont difficilement utilisables. A Tacloban, la ville la plus touchée dans le centre du pays, les habitations et les bâtiments publics sont détruits, laissant la population esseulée au milieu des décombres et des cadavres jonchant les rues. Le gouvernement redoute plus de 10 000 morts dans cette ville de 220 000 habitants.
Les survivants, eux, tentent de fuir la région. « Ils quittent une ville où il n’y a plus rien, où on manque de tout. Il n’y a pas d’eau, pas de vivres, pas d’essence. Rien n’est debout. C’est extrêmement impressionnant, c’est invivable » décrivait l’envoyé spécial de France 24. Pour venir en aide aux sinistrés, les Etats-Unis ont dépêché très rapidement plus de 90 militaires, deux avions et des hélicoptères chargés de nourriture, d’eau potable et de médicaments. L’ONU et l’Union européenne ont déjà envoyé plusieurs centaines de tonnes d’aide alimentaire, de produits de soins et de tentes. Entre 5 et 8 millions d’euros par pays ont été versés aux organisations présentes sur place. En France, les ONG réclament de l’aide auprès des citoyens. Médecins sans Frontières, la Croix-Rouge, le Secours populaire ou encore Action contre la faim ont lancé des appels aux dons.
Pour Bruno David, d’Action contre la Faim, le premier objectif est « d’éviter que des épidémies se propagent par des contaminations d’eau et de mauvaises conditions d’hygiène. » Ce qui s’était produit notamment en 2010, après le séisme à Haïti. Les associations devront aussi faire face aux pillages et à l’insécurité qui règne sur place. Désespérés, les rescapés se ruent sur la nourriture et l’eau, forçant le gouvernement à imposer un couvre-feu et à envoyer des véhicules blindés.
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Les humanitaires mettent en garde sur la répétition des erreurs commises en Asie du sud-est, en 2004. Paul Arbon, directeur du Torrens Resilience Institute, un centre de recherche australien sur l'aide d'urgence, estime qu’il est « fondamental d’octroyer des dons de façon réfléchie et prudente. La bonne volonté qui se manifeste un peu partout dans le monde produit un afflux ingérable de toutes sortes de biens dans les zones sinistrées et cela crée des points de congestion dans les ports et les aéroports qui entravent une aide plus ciblée. » Après le passage du tsunami qui avait frappé notamment l’Indonésie et la Thaïlande, les ONG déploraient la concurrence entre les agences de secours. Les équipements étaient alors mal répartis et certains acheminements de produits devenaient inutiles. Des promesses de financement pour la reconstruction n’ont jamais été honorées et des scandales de corruption ont même émergé depuis.
Mise à jour, à 16h35 :
Bertrand Delanoë, demandera au Conseil de Paris, réuni aujourd’hui, de « voter une aide financière exceptionnelle d’un montant de 100 000 euros » pour venir en aide aux sinistrés philippins. Le montant sera reversé à l’organisation non gouvernementale Action contre la Faim. Le maire de la capitale propose également aux Parisiens « de manifester leur solidarité » en soutenant l’une des ONG présentes aux Philippines sur le site paris.fr