Sida : une thérapie préventive qui donne de l'espoir
Publié le Par Raphaël Didio
Flickr - Franck Minez
Un nouveau médicament destiné pour lutter contre le sida, le Truvada, a vu le jour aux Etats-Unis. Les spécialistes de la lutte contre le virus le recommandent grandement et on espère voir le médicament arriver très rapidement en France.
C’est un nouveau concept prometteur baptisé PrEP (pour prophylaxie pré exposition) qui voit le jour et qui promet de grandes prouesses pour lutter contre le sida. Le Truvada, un traitement antirétroviral en bithérapie, associant deux molécules, est un cachet à prendre pour des personnes séronégatives avant et après un rapport non protégé. Les spécialistes de la lutte contre le sida (35 millions de personnes touchées dans le monde) recommandent grandement de l’ajouter au panel des armes de prévention, tout comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à l’égard des homosexuels masculins.
Réduction globale de 44 % de l’infection
« Face à une situation où la recommandation du port de la capote ne suffit pas toujours, c’est un outil dont on ne peut pas se priver », déclare au Parisien Christian Andeo, à l’association Aides. L’homme milite pour que cette option préventive, disponible aux Etats-Unis, devienne accessible en France. L’intérêt de cette piste a été confirmé par deux études dévoilées mardi à la XXe conférence internationale sur le sida à Melbourne (Australie) afin de diminuer ce virus qui tue moins (- 12 % de décès en 2013 dans le monde) et voit le nombre de contaminations baisser (27,6 % depuis 2005) à l’échelle mondiale, restant toutefois active en France comme dans d’autres pays occidentaux parmi la communauté gay.
Les Etats-Unis figurent avec l’Europe et le Brésil dans les 15 pays « produisant » à eux seuls 75 % des nouvelles contaminations chaque année, rappelle au Parisien le directeur de l’agence de recherche nationale du sida (ANRS) Jean-François Delfraissy. Ils ont présenté une extension de leur Etude baptisée Iprex afin de comparer le nombre d’infections VIH survenues chez des hommes homosexuels à risque en raison de pratiques sexuelles irrégulièrement protégées. Un groupe se voyait prescrire un comprimé quotidien de Truvada, l’autre, un placebo. La première version de l’étude (2 449 personnes au total) avait montré des signes très encourageants en 2010, avec une réduction globale de 44 % de l’infection dans le groupe traité préventivement.
Efficacité de 90 % pour la bithérapie préventive
La nouvelle étude, menée sur 1 603 nouveaux patients entre juin 2011 et 2012 affiche des résultats nettement meilleurs, avec une efficacité de 90 % pour la bithérapie préventive, même chez ceux ne prenant que deux ou trois comprimés par semaine, soit les « conditions sans doute les plus proches de la vraie vie, où l’on ne respecte pas toujours les posologies prescrites », notent les chercheurs. Comme prendre une bithérapie en continu durant des années a ses mauvais côtés (effets secondaires, coût, risque de développer une résistance du virus), l’ANRS travaille depuis janvier 2012 sur une autre stratégie : la bithérapie prise « à la demande ».
Les patients avaleront ainsi deux comprimés la veille d’un rapport non protégé puis un cachet les deux jours suivant, contre un comprimé quotidien actuellement. Les premiers résultats de l’étude de Melbourne menée sur 113 personnes à Paris et Lyon, qui inclura 900 nouveaux patients d’ici 2016 sont prometteurs : avec des tests sanguins, c’est le meilleur taux d’observance de tous les essais PrEP menés jusqu’à présent.