François Hollande craint un échec du sommet Rio+20
Publié le Par Jennifer Declémy
Sipa
Alors que se prépare en coulisses le sommet Rio+20, le président Hollande craint d'ores et déjà un échec de ce sommet sur l'environnement.
Le sommet de Rio sera-t-il un nouvel énième échec environnemental mondial ? C'est ce que craint François Hollande en tout cas, qui semble n'avoir que peu d'espoirs de résultats concrets en ce sommet qui se déroulera du 20 au 22 juin 2012 à Rio.
"La conférence de Rio va être difficile, nous savons qu'il y a des risques, des risques de paroles prononcées qui ne se retrouveront pas dans des actes, le risque de division entre pays développés, pays émergents, pays pauvres, le risque de l'échec parce qu'il peut y avoir d'autres urgences" a ainsi déclaré le chef de l'état français cette semaine, alors qu'il a rencontré ces derniers jours tous les chefs des principaux partis politiques pour discuter de ce sommet.
François Hollande semble craindre que d'autres problèmes internationaux, à l'instar de la situation syrienne, la crise financière internationale ou encore la crise européenne, ne relèguent au dernier plan le problème de l'environnement. "L'échec peut aussi être le produit d'une forme de désinvolture, d'indifférence, de légéreté, la tentation commode d'ignorer les périls, et pourtant ils sont là : il y a une crise de la biosphère" prévient-il. Pour autant, l'actuel contexte politique mondial rend incertain la tenue d'annonces concrètes à l'issue de ce sommet dont on ne parle jamais en France.
Michel Gourd
10/06/2012 17:35
L’humanité joue (encore) avec son avenir à Rio
Les grands rendez-vous internationaux du G20 et la conférence sur le développement durable du 20 au 22 juin ne pourront empêcher la dégradation de la viabilité de la planète. Des seuils critiques sont déjà atteints dans plusieurs écosystèmes et des changements climatiques irréversibles qui affectent la vie de milliards d’humains surviennent chaque jour. La maison brûle et il faut sauver les meubles.
La mauvaise foi du Canada
La cinquième édition de l’Avenir de l’environnement mondial (GEO-5), rendu public à la veille de la conférence de Rio+20, évalue 90 objectifs environnementaux. Le Programme des Nations unies pour l’environnement montre que seulement quatre ont enregistré des progrès significatifs. Une détérioration de la situation a été notée pour huit de ces objectifs et quatorze autres n’ont pu être évalués par manque de données. Le monde ne s'oriente toujours pas vers une voie durable. Le meilleur exemple de cela est le Canada qui ne va pas à Rio de bonne foi. Stephen Harper a dissous la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie. Son projet de loi C-38 affaiblit le processus d'évaluation environnementale et confirme le retrait du Canada du Protocole de Kyoto. Stephen Harper a même affirmé à Paris que dorénavant les groupes environnementaux qui expriment des positions contraires aux politiques énergétiques de son gouvernement, n’auront pas d'argent des contribuables.
Les bons coups de l’Europe
À des années-lumière en avance sur ce Canada qui fait la promotion des sables bitumineux, l’Europe met en vigueur un règlement qui impose des objectifs contraignants sur l’efficacité énergétique des véhicules. L'Union européenne a depuis le 1er janvier une taxe sur les émissions polluantes du secteur aérien, destinées à limiter le réchauffement climatique. La situation n’est pas récente. Elle a adopté en 2008 un plan de réduction d'au moins 20 % des émissions de gaz à effet de serre pour 2020. Face à l’urgence environnementale, le commissaire européen à l'Énergie Gunther Oettinger vient aussi d’annoncer qu’il est en faveur de nouveaux objectifs contraignants pour développer l'éolien et le solaire après 2020. Le message est clair. Les Européens montrent l'exemple et s'engagent contre le réchauffement climatique. Les Européens apprennent à économiser l’énergie pendant que les Canadiens apprennent à polluer.
La maison brûle
Pendant que ses propriétaires se chamaillent sur qui gardera le lit, la maison brûle. Les émissions mondiales de CO2 ont atteint un niveau record en 2010 et ce nouveau record d’émissions de gaz à effet de serre a été battu en 2011. Plusieurs instituts de recherche annoncent un réchauffement de plus de 3,5 °C d’ici à la fin du siècle. Six millions d'hectares de terres agricoles disparaissent chaque année à cause de la progression de la désertification. Les récifs coralliens ont reculé de 38 % depuis 1980. Environ 20 % des espèces vertébrées de la planète sont menacées. Les populations de poissons ont décliné à un taux sans précédent au cours des vingt dernières années. D’un côté, la montée des eaux menace les îles du Pacifique et les inondations noient le Pakistan et la Thaïlande. Le changement des saisons des pluies bouleverse les Andes et l’Asie du Sud-Est. À l’autre extrême, les sécheresses affectent l’Australie et l’Afrique pendant que les incendies de forêt réduisent en cendre une partie de la Russie. Une autre des conséquences de ces changements climatiques est que l'Afrique pourrait bien ne plus pouvoir nourrir qu'un quart de sa population en 2025.
Sauver leur propre peau
L’humanité doit sortir de Rio avec un compromis fort pour ne pas continuer sur ce chemin jalonné de changements climatiques irréversibles. Il y a une nécessité d'outils de gouvernance à l’échelle mondiale. Une organisation mondiale de l'environnement pourrait imposer l’ordre nécessaire pour mettre au pas les destructeurs de cette planète. Les changements climatiques se feront du vivant de plusieurs des décideurs qui seront présents au G20. Dans trente ans d’ici, alors que la planète sera ravagée par d’importants bouleversements climatiques, les juristes et législateurs tourneront leurs yeux vers ce qui s’est passé en 2012. Refuser de s’engager dans des comportements qui amoindrissent les changements climatiques pourrait être considéré comme un crime contre l’humanité. Ceux que l’on voit puissants et protégeant les intérêts d’une minorité alors qu’ils savent que des continents entiers seront ravagés suite à leur décision pourraient devoir faire face à la justice internationale. Les chefs charismatiques d’aujourd’hui pourraient devenir des prisonniers honnis qui finiront leur vie dans des cellules tapissées des millions de noms de leurs victimes. Si ce n’est pour sauver d’autres humains, les décideurs de cette planète devraient prendre les bonnes décisions pour sauver leur propre peau.