La planète a son... Covid !
Publié le Par Patrick Béguier
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Le "Jour du Dépassement" est déjà arrivé. Les nations vont-elles enfin réagir, toutes ensemble, pour sauver la planète ? Difficile d'y croire !
Les "signes vitaux" de la planète (émissions de gaz à effet de serre, épaisseur des glaciers, acidité des océans, déforestation, etc.) s'affaiblissent, préviennent des chercheurs dans la revue BioScience, avant la publication, le 9 août prochain, du rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), qui s'annonce tout autant catastrophique !
Très précisément, ce jeudi 29 juillet 2021 est le "Jour du Dépassement" : à plus de cinq mois de la fin de l'année, la totalité des ressources que la Terre peut générer en un an a déjà été consommée. En 1970, cette date intervenait fin décembre, en 1990, c'était début octobre, en 2010, début août…
On en arrive même à des situations inimaginables : en raison d'une déforestation massive et accélérée, des régions d'Amazonie commencent à émettre plus de CO2 qu'elles n'en captent ! Le très vanté "poumon vert de la planète" se met à tousser.
État d'urgence mondiale
Combien faudra-t-il de "points de rupture" climatiques, de catastrophes en tous genres (inondations, incendies, cyclones, canicules…) pour que l'humanité déclare un état d'urgence mondiale face à une "pandémie" géophysique et géobiologique qu'elle a elle-même provoquée en surexploitant la Terre. Des grands rendez-vous sur le climat et la biodiversité vont s'échelonner de cette fin d'année à 2022. Avec, notamment, la COP26 à Glasgow, en novembre 2021. Mais on est en droit de… désespérer. D'autres ont eu lieu depuis des années, comme à Paris en 2015, sans grand résultat. Toujours, à un moment donné, les ambitions économiques, les contextes et environnements sociaux, les visées géopolitiques, prennent le dessus dans tel ou tel pays. Et l'Homme a bien du mal à changer radicalement de mode de vie, de consommation, de production. Il reste enfermé dans le court terme, se bande les yeux sitôt qu'on lui demande de regarder plus loin, et attend la prochaine catastrophe comme s'il s'agissait d'un fatal lendemain.
La crise épidémique actuelle devrait nous servir de leçon : on ne vaincra le virus qu'à l'échelle du monde. On ne résoudra la crise climatique qu'à l'échelle du monde. Sinon, notre planète sera sous la menace d'un terrible Covid. Long et finalement, mortel.
Patrick Béguier
Journaliste et écrivain
Dernier livre paru : Mer Courage chez Geste éditions