Marie Brannens (PS) : Pour le retour des élus d'opposition à Neuilly
Publié le Par Roxane Bayle
Marie Brannens est la responsable locale du Parti socialiste. Au sein d'une ville hantée par le souvenir de Nicolas Sarkozy, elle fait part à Paris Dépêches de ses projets et de ses envies pour Neuilly-sur-Seine, où elle se présente aux élections municipales.
Marie Brannens a été candidate aux législatives en 2012 (où elle a récolté 10,5% des voix sur Neuilly). Elle souhaite avoir de nouveau des élus de gauche au conseil municipal (plus aucun n'y siège depuis 2008). Cette Neuilléenne est responsable du local PS Neuilly.
Paris Dépêches : En 2008, Neuilly-sur-Seine a connu un grand bouleversement : Jean-Christophe Fromantin, candidat "sans étiquette", était élu à la mairie de Neuilly-sur-Seine. 6 ans plus tard, et avec le recul, pour vous, était-ce une si bonne chose ?
Marie Brannens : Jean-Christophe Fromantin n'est pas un candidat "sans étiquette" : il a le soutien de l'UMP et a pris sa carte à l'UDI, cela ne signifie donc pas qu'il est "neutre". Il a plusieurs cartes selon la situation dans laquelle il se trouve, 3 étiquettes au moins. Mais son élection a changé quelque chose dans ce fief de droite, cela a contribué au réveil de la ville.
Un sujet revient systématiquement lors des élections : l'abstention. On en parle d'autant plus actuellement puisque l'exécutif n'est pas populaire auprès des citoyens. En avez-vous peur ?
L'abstention est une peur pour tout le monde. Il est important, en tant que citoyen, d'exprimer son point de vue. Et c'est plus important lors des élections municipales car on élit les hommes et femmes politiques qui seront les plus proches de nous. L'abstention est malheureusement en augmentation, même si on remarque un certain regain parmi la jeune génération. C'est pour éviter justement l'abstention qu'on sensibilise un maximum de personnes sur le terrain : on fait du porte à porte depuis deux ans, et on n'a jamais arrêté.
Votre opposant, Franck Keller, pointe du doigt le manque de propreté dans les rues de Neuilly. Etes-vous d'accord avec lui ?
Ce n'est pas le premier sujet même si, bien sûr, la propreté a besoin d'être améliorée : les gens sont sensibles au visuel, à ce qu'ils voient quand ils sortent de chez eux. C'est important pour l'image de la ville.
Pensez-vous qu'il faut faire quelque chose sur les équipements de proximité, tels que les transports ou les lieux culturels, tels que le très polémique Théâtre des Sablons ?
Nous sommes dans une grosse agglomération, dans laquelle de plus en plus de personnes viennent s'installer. Le problème que posent les transports est qu'ils se concentrent sur l'unique avenue Charles de Gaulle. Les autres quartiers sont oubliés.
Concernant ce projet "polémique" du Théâtre des Sablons, il est en chantier depuis les deux précédentes mandatures. Je suis en faveur de la culture, et je pense que ce théâtre était nécessaire mais il a coûté trop cher : environ 58 millions d'euros ! Il faudrait dépenser moins sur certains projets, pour mieux répartir les dépenses, sur d'autres sujets parfois prioritaires.
Quelle sera votre politique en matière de logement ? Pensez-vous pouvoir attirer de nouveaux habitants, malgré des impôts locaux élevés ?
Le niveau des impôts locaux reste élevé, mais moins que la moyenne de certaines villes d'Ile-de-France. Il faudrait plus de logements sociaux, mais aussi d'autres types : on estime qu'en 2050, près de 80% de la population du monde habitera en agglomération. Il faut donc des logements pour pouvoir les accueillir, et donc miser sur sa variété. Cela amènera une diversité sociale à notre ville, ce qui reste une richesse. Il nous faudrait donc plus de logements sociaux, près de 25% dans toute la ville.
Et pourquoi ne pas transformer des bureaux en logement ? Neuilly-sur-Seine a beaucoup de bureaux vides.
Oui, on a des bureaux vides : un programme de 12 000 m2 est actuellement en cours de construction et déjà 11 800 m2 sont à louer. Les transformer en logements coûte cher, mais c'est une solution. Il n'y a pas de foncier disponible et les PMU n'apportent pas de densification. A un moment, il faut être raisonnable.
La ville de Neuilly-sur-Seine a-t-elle également vu le nombre des cambriolages exploser ?
On a effectivement plus de cambriolages, mais nous avons déjà une Bac ainsi qu'une police nationale et municipale qui font très bien leur travail. La vidéosurveillance a joué un rôle aussi : si elle reste chère, elle rassure les populations. Il faut malgré tout rester prudent à ce propos, au niveau des conditions d'exploitation. Au niveau des agressions physiques, le taux reste très faible.
Etes-vous en faveur d'un débat entre tous les candidats aux élections municipales de Neuilly-sur-Seine ?
Je suis pour un débat devant les citoyens, c'est quelque chose qu'il faudrait faire plus souvent, mais à condition que tous les candidats soient présents. Frank Keller me l'avait proposé, et le débat devait se tenir au mois de janvier dernier. Mais cela ne s'est pas fait, apparemment parce que Jean-Christophe Fromantin aurait refusé de le faire.
Avez-vous signé la charte Anticor ?
Oui j'ai signé la charte Anticor. Par ailleurs, je serai présente avec des membres de l'association et les autres candidats des Hauts-de-Seine signataires le 25 février prochain à la Défense. C'est une démarche importante pour moi : il faut restaurer la confiance des citoyens en la politique et c'est un travail à long terme.
Quelle est la suite du programme pour vous ?
Nous allons bientôt sortir notre programme. Nous sommes dans la dernière ligne droite avant les élections municipales, on va donc intensifier notre présence sur le terrain par du porte-à-porte et des réunions.