Présidentielle : l'UMP se divise sur la stratégie de campagne.
Publié le Par Jennifer Declémy
Jusqu'où aller pour convaincre les électeurs frontistes sans renier ses valeurs humanistes ? Une partie de l'UMP reste profondément divisée sur la droitisation extrême de la campagne de Nicolas Sarkozy.
Le haut score de Marine Le Pen divise à l'UMP. Alors que certains comme Guillaume Peltier et Patrick Buisson en sont ravis car ils voient ainsi leur stratégie de droitisation validée par les urnes, d'autres, plus modérés comme Alain Juppé, Henri Guaino, Jean-Louis Borloo ou Jean-Pierre Raffarin se trouvent très embarrassés par des thématiques et des propos qui les indisposent en privé.
"Il nous faut aussi les voix du centre, de François Bayrou. On va veiller à ce qu'il n'y ait aucune contestation mettant en cause nos convictions : sur l'Europe pas de remise en cause de certains acquis ; sur les valeurs humanistes pas de dérapages, par exemple sur l'attribution des prestations sociales aux nationaux. Il y a des lignes à ne pas franchir" prévient Dominique Paillé, proche de Jean-Louis Borloo qui lui aussi a réclamé hier une droite forte mais aussi juste. Un appel que Nicolas Sarkozy a choisi d'ignorer car entre les 9% de Bayrou et les 18% de Le Pen, le choix est vite fait.
"Ces résultats c'est la confirmation de la stratégie Buisson" valide Thierry Mariani, membre de la Droite Populaire, qui s'enthousiasme d'ailleurs du fait que ses thèmes de prédilection seront vigoureusement repris durant les deux prochaines semaines de campagne. Ce sont aussi Christine Boutin et Laurent Wauquiez, chantre de l'assistanat, ce "cancer" de la société qui sont également ravis de la tournure de la campagne.
Cependant, les élus plus modérés de la droite républicaine éprouvent des scrupules à s'engager sur une telle stratégie droitière. Preuve en est de la prestation d'Alain Juppé sur RTL ce matin qui avait bien du mal à valider une telle stratégie et a préféré changer de sujet. L'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin a d'ailleurs appelé à "une france forte (...) qui prend en compte les valeurs humanistes". Bruno Le Maire ne dit pas non plus autre chose quand il argue que "si l'on veut convaincre les électeurs du FN, il ne faut pas leur faire des oeillades mais montrer que nous sommes intransigeants sur les valeurs que l'on défend. Pas un coup à droite et un coup au centre".
D'autres élus de la majorité se sont montrés plus fermes encore, à l'instar de Chantal Jouanno et Patrick Devedjian. La sénatrice de Paris a ainsi "appelé de ses voeux à un discours beaucoup plus équilibré dans les choix des thèmes de campagne et dans les mots utilisés (...) La droite doit rester elle-même et porter ses propres valeurs qui sont celles de la méritocratie, du travail et de l'autorité. Quant au président du conseil général des Hauts-de-Seine, il estime que "l'extrême-droite n'est forte que quand la droite est faible". Clairement, les violons ne sont pas accordés dans la majorité.