François Bayrou garde le cap
Publié le Par Julie Catroux
A deux jours du premier tour de l’élection présidentielle, le Modem pense déjà à l’après 6 mai.
François Bayrou semble bien déterminé à garder la cap qu’il s’est fixé il y a une dizaine d’années : celui de l’indépendance. Les sondages le créditant d’environ 10%, il faut voir la vérité en face. Le candidat du Modem sait que sont pari d’accéder au second tour semble compromis mais il ne lâche rien. Déterminé, il ira jusqu’au bout du combat mais pense déjà à l’après 6 mai.
La campagne présidentielle n’a pas eu la même frénésie que celle de 2007 et François Bayrou l’a bien compris. Celui qui était le troisième homme il y a cinq ans, la figure emblématique d’un renouveau pour certains et des indécis pour d’autres, n’est plus que l’ombre du leader centriste qu’il fut en 2007. Mais celui qui fait sienne la devise du fronton du château d’Henri IV « ce qui doit arriver ne peut manquer » a confiance en son avenir. Appliquant la méthode Coué, il se moque des sondages qui le placent en cinquième position et y croit affirmant « croire en son étoile ». Courageux, le candidat centriste ne baisse pas les bras malgré une division de son parti.
« Quand François Bayrou va t-il annoncer sa consigne de vote ? Sarkozy ? Hollande ? », la question est dans tous les esprits. Mais la réponse se fait attendre. En attendant, comme il l’a refait jeudi matin sur RTL, François Bayrou se lâche et compare les derniers ralliements à François Hollande (comme celui de Corine Lepage, qui s’était fait élire en 2009 au Parlement européen sur une liste Modem), à la « course des gnous qui vont vers les points d’eau ». « J'aime les gens qui ne changent pas d'opinion au fur et à mesure que le vent tourne», dit-il. Mais même au sein de sa garde rapprochée, les avis divergent et les rumeurs vont bon train. Jean-Luc Bennhamias, vice-président du Modem a déclaré choisir François Hollande au cas où François Bayrou ne serait pas qualifié pour le second tour. De son côté, Marielle de Sarnez, vice-présidente du parti se serait livrée à une confidence selon le Canard Enchainé : « François Bayrou va sans doute laisser ses électers choisir leur camp au deuxième tour mais lui votera Sarkozy ». Après avoir démenti cette rumeur, la vice-présidente a accusé l’UMP de « manipuler le Canard Enchainé ». Alors qui a raison ? qui a tort ? Nous le saurons sans doute pas mais ce qui est sur c’est que cette division du Modem joue en défaveur de son leader. Se livrant à des journalistes dans le train qui le ramenait de son meeting à Lille, le béarnais aurait confié qu’il « ne donnerait pas, dès dimanche de consigne de vote pour le second tour et ue la décision, si décision il devait y avoir, serait prise collégialement avec ses cadres à l’issue d’une réunion, probablement lundi ». D’ici là, son clan prépare déjà l’après élection présidentielle.
François Bayrou au meeting de Lille, le 18 avril.
Soyons honnête, François Bayrou a très peu de chance d’accéder au second tour, voir aucune. Mais le Modem ne compte pas en rester là et prépare déjà le troisième tour : les législatives de juin. Mercredi soir a eu lieu une réunion, relativement discrète, rassemblant une cinquantaine d’élus (sénateurs, députés, maires et conseillers généraux) dans une salle du Palais du Luxembourg. Le Figaro révèle que selon un participant il y avait des élus du Parti Radical, du Nouveau Centre et du Modem. « L'idée est de constituer, pour les législatives de juin, un label unique pour des candidatures communes dans chaque circonscription ». François Bayrou veut croire à une « recomposition de la famille centriste ». De nombreux politiciens ou journalistes politiques affirment qu’un parti centriste n’est pas réalisable en France et qu’il se ralliera forcément à gauche ou à droite. Certains affirment également qu’en 1974, Valéry Giscard d’Estaing a remporté l’élection présidentielle car il s’est tourné vers la droite. Mais les leaders centristes n’ont que faire des ces suppositions. Leur but est simple : constituer un parti d’opposition au centre suffisamment puissant. Pour arriver à leurs fins, ils doivent se réunir. « François Bayrou a une chance historique de donner au centre la capacité de reconstituer l'équilibre démocratique que nous n'avons pas connu depuis longtemps », déclare Hervé Morin, le président du Nouveau Centre. Quant à Jean-Louis Borloo, son entourage reconnaît que le dernier rallié deviendrait « l'interlocuteur privilégié de Nicolas Sarkozy au Centre et que cela n'arrangerait pas forcément le parti radical mais qu'on ne peut se passer du président du Modem pour la recomposition du centre post-présidentielle ». Malgré une envie d’exister par soi même, les trois partis centristes ont compris qu’ils devaient se rassembler pour être plus fort. Même si François Bayrou, Jean-Louis Borloo et Hervé Morin ne sont pas prêts à être considérés comme les trois mousquetaires et de mettre en avant leur solidarité en scandant « un pour tous, tous pour un », ils seront contraints au rassemblement pour un centre plus fort.