Jean-Vincent Placé, le monsieur ambitieux d’Europe Ecologie.
Publié le Par Jennifer Declémy
Portrait de campagne du numéro 2 d'Europe Ecologie qui pourrait devenir ministre dans quelques semaines.
Son nom a émergé dans les médias en septembre dernier, à l’occasion de la phrase malheureuse lancée par Alain Marleix, « il est un peu notre coréen national » et depuis, il s’affirme comme un des responsables majeurs du parti Europe Ecologie, dont il est aujourd’hui le numéro deux. Potentiellement ministre dans un Gouvernement socialiste, le sénateur Jean-Vincent Placé ne cache pas ses ambitions, quitte à brusquer autour de lui.
A 43ans, l’homme est aujourd’hui une pièce clé de l’échafaudage écologique. Bras droit de Cécile Duflot, homme d’appareil devenu sénateur en septembre dernier, ancien étudiant en droit, Jean-Vincent Placé revendique son ambition et cultive les inimitiés à gauche, notamment par son franc-parler parfois méprisant, comme on a pu le constater lors de la campagne. « Bien sûr que j’ai envie de devenir ministre. Bien sûr que j’assume. Ça me fatigue cette hypocrisie de la gauche française face à l’expression des ambitions personnelles (…) je suis capable d’être un dirigeant de mon pays » plaisante-t-il à peine. Et certaines sources socialistes en off confirment que le sénateur fait des pieds et des mains pour obtenir un maroquin en cas de victoire, mais pas un simple secrétariat d’état. Dans l’idéal Jean-Vincent Placé voudrait aller au budget ou à l’intérieur. Rien que ça.
Entré chez les verts en 2001, le normand originaire de Séoul s’occupe depuis des années des questions électorales, qui lassent toujours habituellement les dirigeants verts. Suspecté de ne pas prêter tant d’attention que cela aux questions écologiques, c’est lui qui s’est chargé du volet électoral de l’accord passé avec les socialistes en novembre dernier, ce qui lui vaut le surnom de « Richelieu des verts », capable de dealer sans sourciller n’importe quelle circonscription. Depuis, il est un de ceux qui défend avec le plus de vigueur cet accord, et n’hésite pas à hausser le ton face aux socialistes qui tenteraient de marquer leurs distances avec l’accord. Ainsi il s’est permis de demander à François Hollande de « rectifier le tir » quand ce dernier a expliqué qu’il ne se sentait pas lié par l’accord programmatique signé entre les deux partis. Actuellement, il hausse également le ton face à Arnaud Montebourg qui désire combattre l’accord électoral dans son propre département.
Car Jean-Vincent Placé n’est pas quelqu’un de commode en politique. Plus tacticien qu’idéologue, il est surtout doté d’une ambition féroce qu’il reconnait bien volontiers « je suis clairement ambitieux et ultra-déterminé ». Et si ça peut choquer certains esprits, la sénatrice Laurence Rossignol estime que c’est parce que « avoir le sens de la négociation, du culot, une dose de roublardise, je trouve ça franchement bien. Jean-Vincent choque parce qu'il porte haut ses qualités de politicien, ce qu'on trouverait normal dans n'importe quel autre parti. C'est un dur à cuire, exactement comme nos négociateurs. Mais les écologistes, on les voit toujours la pâquerette entre les dents. Alors, quand ils font tout simplement de la politique, ça choque ».
D’autres personnalités politiques prennent moins de gants, à l’instar de Jean-Luc Mélenchon qui l’a beaucoup fréquenté dans l’Essonne et qui dit de lui et de son arrivée au Sénat « c’est l’avènement des larbins. Les socialistes l’adorent, le traitent bien et ils ont raison : il est tellement prévisible, tellement dans leurs mains ». Entre les deux hommes, l’inimitié ne date pas d’hier, l’ancien socialiste explique même « on le croit cordial, il est en fait très hautain, ce qui ne l’empêchait pas de me lécher les pieds pour avoir un canton dans l’Essonne quand j’étais patron du PS local ». Une délicatesse que Jean-Vincent Placé lui rend bien volontiers pendant la présidentielle en déclarant à de nombreuses reprises « Jean-Luc Mélenchon est un homme du passé ».