Marine Le Pen prépare l’après-présidentielle.

Qu’adviendra l’UMP au lendemain d’une possible défaite de Nicolas Sarkozy le 6 mai prochain ? Pas grand-chose, s’inquiètent certains responsables de la majorité présidentielle, qui ont du mal à imaginer que, sans chef de l’état au pouvoir, les membres de la Droite Populaire puissent cohabiter avec ceux de la Droite Humaniste, par exemple. Scénario catastrophe pour l’actuel secrétaire général du parti, c’est pourtant un espoir que nourrit Marine Le Pen depuis son accession à la tête du Front National, avec comme objectif à moitié dissimulé d’ainsi opérer une nouvelle recomposition à droite, dont elle serait la grande gagnante.

La défaite de Nicolas Sarkozy est aujourd’hui parfaitement intégrée au FN, et Marine Le Pen l’a encore répété ce week-end, « Nicolas Sarkozy n’a aucune chance d’être réélu ». C’est d’ailleurs pour cela que, depuis des mois, la candidate de l’extrême-droite répète partout qu’elle sera au second tour face à François Hollande. A aucun moment la frontiste ne semble avoir tablé sur un duel contre l’actuel président.

Mais plus encore qu’une défaite de la droite traditionnel au pouvoir, l’espoir au FN est que cela suscite un immense big-bang à droite car « si Nicolas Sarkozy perd l’élection, cela veut dire qu’il s’en va, il l’a déjà dit, c’est le vide et ça va marquer la fin de l’UMP parce que l’UMP a été construit autour de Nicolas Sarkozy » a expliqué un haut responsable du FN au journal les Echos. Une implosion en directe qui permettrait à Marine Le Pen de récupérer les plus extrêmes des membres de l’UMP, notamment ceux de la Droite Populaire, ce que confirme d’ailleurs le spécialiste du Front National, Sylvain Crépon, qui explique que « la stratégie de Marine Le Pen, c’est de faire exploser la droite et l’obliger à se recomposer autour d’elle ». Or, avec l’actuelle guerre de succession qui se profile en cas de défaite à la présidentielle, entre François Fillon, Jean-François Copé et éventuellement Alain Juppé, la stratégie de Marine Le Pen pourrait être confortée.

Lionnel Luca, membre de la Droite Populaire.

Pour opérer cette récupération de la frange la plus dure de l’UMP, la patronne du FN veut en outre utiliser les élections législatives, où de nombreux députés de la droite craignent déjà une déroute face à des socialistes qui auraient remporté la présidentielle. C’est dans cette optique que Marine Le Pen ne présente pas de candidats FN, mais des candidats de rassemblement patriotique. Sans l’étiquette officielle de l’extrême-droite, il pourrait être plus facile de séduire des membres de l’UMP déroutés par la défaite. Mais ce genre de scénario, même dessiné par Marine Le Pen et sa garde rapprochée depuis des mois, est encore très difficile à concrétiser, ou imaginer pour la majorité présidentielle. Il illustre néanmoins quelle est la nouvelle stratégie politique du Front National version Marine : arriver au pouvoir en devenant un parti de la droite institutionnalisée incontournable, à l’image de ce qui a pu se passer en Italie ou en Autriche ces dix dernières  années.