Nicolas Sarkozy et l'islam
Publié le Par Jennifer Declémy
D'abord cordiale quand il fut ministre de l'intérieur, la relation entre Nicolas Sarkozy et l'islam aujourd'hui est devenue tendue, voir troublée par le quinquennat du Président Sarkozy.
Il était celui qui avait organisé l'islam de France, qui avait intégré l'UOIF au sein du CFCM et qui avait même assisté à un congrès de l'UOIF, sous les critiques et les indignations. A l'époque il était ministre de l'intérieur et il plaidait pour une meilleure intégration de l'islam dans la société française. Une attitude qui avait fonctionné au début, avant d'être entravée par plusieurs prises de paroles et actes qui ont heurtés les représentants de l'islam.
De l'UOIF à l'époque il aimait à parler "d'une sorte de parti communiste de l'islam, très structuré et gardien de l'ordre" qui ne pouvait qu'aider à l'intégration des musulmans dans la société. Et la désapprobation qu'il marqua à l'égard de la loi sur le port du voile consolida cette bonne relation. Mais l'année 2005 marqua un tournant quand le ministre durcit son discours sécuritaire, notamment lors des émeutes des banlieues, et fustige les immigrés qui égorgent les moutons dans leurs baignoires. A partir de ce moment, les représentants des instances musulmanes se détournèrent du ministre.
Mais c'est le quinquennat de Nicolas Sarkozy qui va couper les ponts entre ces instances et l'islam de France, qui n'aura pas finalement réussi à se construire ces dix dernières années, malgré la volonté affichée. En prononçant le discours de Grenoble, en durcissant ses propos sur l'immigration et la sécurité, deux thèmes qu'il lie officiellement désormais, le président marque l'islamophobie qui gagne la droite, sous l'influence de Marine Le Pen. Les polémiques vont alors se succèder, susciter l'indignation de cette communauté musulmane de plus en plus stigmatisée par les ministres et responsables officiels, et la loi sur la burqa va concrétiser cette défiance existante.
Si en 2007 la communauté musulmane avait voté en majorité à gauche, 80% de ses membres devraient récidiver en 2012, et les récentes attaques du président-candidat contre l'islam ne feront rien pour améliorer la situation.