Bettencourt : l'opposition veut que Nicolas Sarkozy s'explique.
Publié le Par Jennifer Declémy
AFP/Joel Saget
Après la mise en détention provisoire de l'ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt et les révélations selon lesquelles la campagne de Nicolas Sarkozy aurait bénéficié de fonds illégaux, l'opposition le presse de s'expliquer.
Petit à petit l'affaire Bettencourt, qui avait empoisonné l'été 2010, revient dans le débat public et menace la campagne de Nicolas Sarkozy. Alors que son ancien ministre Eric Woerth a été mis en examen deux fois dans cette affaire, c'est au tour de l'ancien gestionnaire de fortune, Patrice de Maistre, de susciter l'intérêt des juges qui soupçonnent désormais un financement illégal de la campagne de 2007.
A 26 jours du premier tour, ce sont donc tous les partis de l'opposition qui montent au créneau pour réclamer des explications. Le Modem veut une modification des délais d'instruction, Eva Joly demande au chef de l'état de renoncer à son immunité pour qu'il puisse livrer sa version des faits, mais aussi de donner tous les moyens nécessaires au juge Jean-Michel Gentil, pour enquêter sur cette affaire qui sent le souffre.
Les socialistes eux avaient lancé l'affront dès hier, lors du point presse de Benoit Hamon qui déclarait Nicolas Sarkozy "directement mis en cause. Il est présumé innocent bien sûr mais nous lui demandons de cesser de fuir, de s'échapper, de s'abriter derrière d'autres et qu'il s'explique sur la réalité de ces rendez-vous".
De récentes révélations indiquent que deux versements de 400 000 euros auraient été versés durant la campagne électorale, à deux reprises, à des moments où il est avéré que Patrice de Maistre et Eric Woerth, qui était alors le trésorier de la campagne UMP, se sont rencontrés. Le second versement aurait eu lieu entre les deux tours, une heure après que Liliane Bettencourt déclare à François-Marie Banier "De Maistre m'a dit que Sarkozy avait encore demandé de l'argent, j'ai dit oui".
Ces accusations viennent d'être relayées par le juge en charge de l'enquête à Bordeaux, Jean-Michel Gentil, qui affiche désormais l'intention d'enquêter sur Nicolas Sarkozy en personne. De nombreux témoignages et documents l'incitent en effet à penser que le chef de l'état serait coupable d'un financement illégal de sa campagne. Une accusation qu'on ne peut s'empêcher de relier à celle exprimée par Médiapart il y a deux semaines et qui faisait état d'un financemement de cette même campagne par Mouammar Kadhafi, ou encore au financement de la campagne de 1995 d'Edouard Balladur dans laquelle le président sortant a eu un rôle crucial...