Sans toucher au smic, Manuel Valls détaille son plan d’économies
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Capture d'écran Dailymotion
Avec 18 milliards d’économies prévues pour l’Etat, 10 pour les collectivités et 21 pour la protection sociale, Manuel Valls veut frapper fort pour stabiliser la dette de la France.
Si Manuel Valls s’est présenté en lieu et place du porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll à l’issue du conseil des ministres, c’est qu’il voulait faire des annonces importantes. La première ? Les 50 milliards d’économies prévues par l’Etat d’ici 2017 « ne doivent pas remettre en cause notre modèle social et nos règles sociales et notamment le smic ». Une manière de répondre fermement à Pierre Gattaz, le président du Medef, qui avait mis sur la table la possibilité d’instaurer un salaire intermédiaire inférieur au smic.
Un partage inégal
Une fois cette mise au point faite, le premier ministre a pu dévoiler plus en détails son plan de stabilité. Et tout le monde sera mis à contribution avec plus ou moins de vivacité : l’Etat devra économiser 18 milliards d’euros, les collectivités territoriales seront amputées de 10 milliards et la protection sociale pas moins de 21 milliards d’euros. L’objectif est clair : tenir « nos engagements » même si « ce n’est pas l’Europe qui nous impose ces choix » mais simplement car « nous ne pouvons pas vivre au dessus de nos moyens », explique-t-il.
Prestations sociales gelées
Première mesure de poids : toutes les allocations, habituellement augmentées en fonction de l’inflation, seront gelées. Ainsi, les retraites, les allocations famille et les allocations logement n’augmenteront pas avant le 1er octobre 2015, permettant ainsi d’économiser entre 2 et 4 milliards d’euros si les partenaires sociaux s’entendent aussi sur le gel des retraites complémentaires.
En revanche, les minimas sociaux, RSA, allocation spécifique de solidarité (ASS), minimum vieillesse et allocation adulte handicapé (AAH), eux, resteront indexés à l’inflation « pour veiller au sort des plus démunis ».
Pas de revalorisation du RSA
Le RSA ne sera toujours pas revalorisé cette année. Un plan pauvreté présenté en janvier 2013 devait lui permettre, ainsi que le complément familial et l’allocation de soutien familial, d’être revalorisé. Ce plan est « décalé d’une année ».
Toutefois, le premier ministre a promis « une mesure pour les contribuables les plus modestes dès le mois de juin ». L’objectif étant de « redonner du pouvoir d’achat aux salariés » pour « relancer notre économie et être plus juste ».
Gel des salaires des fonctionnaires
Principale variable d’ajustement pour l’Etat, les salaires des fonctionnaires resteront bloqués cette année. Depuis 2010, le point d’indice, base du calcul des rémunérations des fonctionnaires n’a connu aucune revalorisation. A défaut de faire des économies, l’Etat et les collectivités territoriales ne dépenseront donc pas plus. Une augmentation de 1% de cet indice coûtant près de 1,8 milliard d’euros à l’Etat.
« Je sais ce que nous devons aux fonctionnaires, a souligné Manuel Valls, cependant, la situation nous oblige à leur demander de participer à l’effort commun ». Pourtant, la promesse de création de 60 000 postes en 5 ans dans l’Education nationale est maintenue pour « respecter les engagements pris en 2012 » par François Hollande. Même chose pour la création de « postes prévues dans la police, la justice et l’administration pénitentiaire ». Les effectifs des ministères, eux, « continueront de diminuer ».
Au Parlement le 30 avril
Le programme de stabilité, qui prévoit également « 10 milliards d’euros d’économies dans la santé » et « 11 milliards sur la gestion du système social », sera présenté au conseil des ministres le 23 avril prochain avant d’être soumis à l’Assemblée national le 30 avril. Chacune des mesures sera incluse « dans les textes financiers qui seront examinés avant l’été […] puis à l’automne avec la loi de programmation des finances publiques ».
Pour autant, pas sûr que ces mesures trouvent des défenseurs dans l’hémicycle, y compris dans le camp socialiste. Christian Paul, député PS de la Nièvre, l’a bien fait comprendre sur Twitter.
#directAN Le groupe socialiste a découvert dans un silence total les annonces du gouvernement. Inacceptables en l'état. Le fond et la forme.
— Christian Paul (@christianpaul58) April 16, 2014
L'allocution de Manuel Valls à l'issue du conseil des ministres :