Présidentielle : Jean-Luc Mélenchon attaque sur sa gauche
Publié le Par Jennifer Declémy
Il se sent poussé des ailes, le petit candidat qu'on ne créditait auparavant que de 5-6%. Depuis deux semaines environ il grimpe dans les sondages, les intentions de vote et ses derniers meetings, sa dernière prestation télévisée sur France2 lui ont redonné confiance en son étoile. Plus offensif, plus médiatisé et plus hargneux que jamais, Jean-Luc Mélenchon combat sur deux fronts désormais : sur sa droite contre Marine Le Pen et sur sa gauche pour récupérer les socialistes déçus de l'absence de gauchisme de François Hollande.
* Contre Marine Le Pen, un combat perpétuel.
Ce n'est pas d'hier cette lutte entre le leader du Front de Gauche et la nouvelle présidente du Front National. On se souvient du débat qui les avait opposés, le 14 février 2011 où l'ancien sénateur s'était fait remarquer avec sa fameuse phrase "vous ne servez à rien". Mais aujourd'hui qu'ils sont tous les deux candidats à la présidentielle, investis par leurs partis, la lutte entre les deux politiciens est devenue plus vive encore. Le problème qui les oppose : tous les deux revendiquent représenter la classe ouvrière, et tous les deux revendiquent ce vote. Marine Le Pen prétend grâce aux sondages être la candidate la plus proche de cet électorat dont elle dit que 40% d'entre eux est prêt à voter pour elle. Mais Jean-Luc Mélenchon ne veut surtout pas que les classes populaires s'éloignent de la gauche qu'il entend incarner.
Ce n'est donc pas pour rien qu'hier Jean-Luc Mélenchon a fait meeting à Metz, dans la ville même où Marine Le Pen avait tenu son premier meeting de campagne en décembre dernier, en se posant comme la candidate des "oubliés" et des "invisibles". Hier soir c'était donc l'occasion pour le candidat d'étriller son adversaire, non sans brio. Il a ainsi repris tous les points du programme du Front National pour les dézinguer, un à un, parlant du "parti de la haine", lançant une "opération de nettoyage" contre la "semi-démente". Et il n'a pas hésité à rallier la frontiste, la plaçant dans le "club des quatre", "elle veut être parmi ceux qui sentent bons, voilà que le diable ne sent plus le souffre".
C'est tout le parti et les militants du Front de Gauche qui désormais luttent contre le Front National. Deux proches de Jean-Luc Mélenchon ont récemment publié des ouvrages qui décortiquent le parti d'extrême-droite et sa leader, tandis qu'hier matin des militants de gauche étaient venus croiser le fer avec elle devant PSA Peugeot.
* Un appel à la gauche du Parti Socialiste.
Ca ne pouvait pas tomber mieux pour Jean-Luc Mélenchon. La querelle entre les trois mousquetaires (Hamon, Emmanuelli et Lienemann) qui réclament des explications et des promesses du candidat François Hollande, a mis en joie l'ancien socialiste qui a aussitôt appelé ces leaders et leurs troupes à les rallier. Rien d'étonnant quand on sait que l'ancien sénateur, du temps où il était au Parti Socialiste, militait fréquemment avec ces trois-là qui étaient d'ailleurs contre la constitution européenne de 2005. Un appel au ralliement même relayé sur Twitter par des militants. Car la prétention du leader du Front de Gauche est véritablement d'incarner la gauche toute entière, la vraie. "Le rouge est de retour", a-t-il pu crier hier soir lors du meeting, lui qui pouvait d'ailleurs hier se targuer du soutien et de la présence d'Oskar Lafontaine, fondateur du parti allemand Die Linke.
Le meeting fut également l'occasion pour lui de rappeler les différentes mesures contenues dans son programme, de dénoncer la "financiarisation de l'économie française" pour appeler à une révolution citoyenne. Et en citant ces mots célèbres, De Victor Hugo, il a définitivement conquis la salle : "j'effaroucherai les bourgeois peut-être, mais je réveillerai le peuple".