On croyait King Coal presque mort. Relié au passé, à la révolution industrielle du XIXe siècle. On l'associait aux émouvantes "gueules noires" illustrant les livres d'histoire de nos écoliers. Et voilà qu'il nous revient en pleine puissance, en ce XXIe siècle !
Malgré un rythme de croissance légèrement plus lent, grâce notamment aux "efforts environnementaux" de la Chine et à la concurrence du gaz de schiste bon marché aux Etats-Unis, "le charbon prendra une part plus importante de la croissance de la demande mondiale d'énergie que le pétrole et le gaz", assure l'AIE. Entre 2007 et 2012, le charbon a connu un taux de progression de 3,4% par an, "le plus élevé des énergies fossiles". En 2012, 7,7 milliards de tonnes de charbon ont été consumées dans le monde, soit 170 millions de tonnes de plus sur un an, précise encore l'Agence.
"Charbon propre"
Or, le charbon est responsable de 44% des émissions de CO2 liées à l'énergie, contre 35,3% pour le pétrole et 20,2% pour le gaz, ce qui veut dire qu'il émet à lui seul 30% des gaz à effet de serre dans le monde. L'AIE n'hésite pas à l'affirmer : le charbon dans sa forme actuelle est "tout simplement intenable" pour l'environnement. Le réchauffement climatique a trouvé en ce roi un auxiliaire aussi précieux qu'inattendu.
Coupable désigné : la Chine ! Son appétit est insatiable. Pour nourrir sa croissance économique, le géant d'Asie a eu besoin, en 2011, de plus de 46% de ce combustible dans le monde et, selon les prévisions de l'AIE, il devrait en consommer plus que tout le reste du monde, dès 2014 !
On serait tenté de se rassurer avec l'apparition des technologies de "capture et stockage du carbone" (CCS) permettant de faire du "charbon propre" grâce à la captation, dans les centrales électriques à charbon, du CO2 sortant des fumées. Mais les procédés envisagés seraient non-rentables, de quoi décourager les industriels du secteur.
Nous voilà donc dans l'impasse ! Parce qu'on a cédé au lobby des compagnies pétrolières et à celui des partisans du tout nucléaire qui, pendant des années et des années, ont repoussé, critiqué, voire méprisé les recherches dans le domaine des énergies renouvelables et provoqué ainsi un retard (espérons-le, rattrapable) dans la maîtrise et le développement de ces nouvelles technologies, on assiste au triste retour du troisième larron.
Et on effectue un formidable bond en arrière !
Patrick Béguier est journaliste et écrivain.