Saint-Denis : le directeur de l’IUT menacé de mort
Publié le Par Antoine Sauvêtre
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Le directeur de l’Institut universitaire de technologie de Saint-Denis a reçu quinze lettres anonymes le menaçant de mort. Depuis le début de l’année, l’IUT traverse une crise avec, en toile de fond, des soupçons d’emplois fictifs et de prosélytisme.
Réunion de crise mardi 20 mai à l’IUT de Saint-Denis. Les professeurs de cet établissement sont réunis pour soutenir leur directeur. Depuis plus de trois mois, ce dernier a reçu 15 lettres de menaces de mort, toutes anonymes, à son bureau et à son domicile familial. « Tu vas mourir, toi et tes enfants », est-il écrit sur l’une d’entre elles, avec des lettres découpées dans des journaux. Une autre est une photo du directeur, Samuel Mayol, avec une croix dessinée sur le front et le mot « mort ». Les dernières indiquent en arabe : « J’appelle tous les musulmans à te punir. Tu dois payer, toi, tes proches, tes enfants »…
Emplois fictifs
Les policiers qui enquêtent sur ces messages menaçants n’ont pour le moment pas réussi à remonter jusqu’à leur(s) auteur(s). Il existe toutefois des éléments troublants. Cette année, l’établissement est en crise depuis que le chef du département Techniques commerciales de l’IUT, Rachid Zouhhad, nommé en septembre 2012, a été destitué pour dysfonctionnements majeurs et soupçons d’emplois fictifs. Le directeur, alerté par les étudiants, a découvert un système de contrats signés avec des vacataires qui n’ont jamais donné de cours.
D’autres ont même été embauchés pour enseigner des matières qui n’apparaissent pas au programme de l’Education nationale. Ce sont ainsi près de la moitié des 120 vacataires de l’année précédente qui ont été remplacés, parfois par des proches de Rachid Zouhhad. Au total, 4 800 heures de cours seraient concernées, selon la direction, ce qui représente un montant de 200 000 euros, jamais versé puisque les contrats ont été gelés dès le mois de novembre. La destitution de Rachid Zouhhad, a été entérinée par le tribunal administratif de Montreuil.
Prosélytisme ?
Samuel Mayol a également engagé un bras de fer avec une association étudiante nommée « L’ouverture », qui officiellement organise des sorties et des voyages. En début d’année, cette association étudiante a organisé une vente de sandwichs halals au sein de l’IUT, que le directeur a immédiatement interrompu. Plus tard, l’association a refusé de rendre le local qu’elle occupait dans l’IUT pour le partager avec d’autres. Pour trouver une solution, la direction devait rencontrer la présidente de "L'ouverture" mais ce jour-là, une fausse alerte à la bombe a provoqué l’évacuation de l’IUT. La police avait donc entamé une fouille complète du bâtiment et avait trouvé, dans le local de l’association, un sac rempli de tapis de prière. Depuis, la direction soupçonne l’association de prosélytisme.
Les lettres de menaces de mort, à caractère islamiste, interrogent la direction sur un éventuel lien avec ces différentes affaires mais pour l’heure, ni les enquêteurs ni le conseil d’administration de l’IUT n’ont pu prouver quoi que ce soit.