La présomption de légitime défense des policiers fait débat
Publié le Par Julie Catroux
Suite à la mise en examen hier en fin d’après-midi d’un gardien de la paix poursuivi pour avoir tué un homme recherché par la police, les commentaires des politiques vont bon train.
Le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy a plaidé aujourd’hui, lors d’une réunion publique à Raincy pour la «présomption de légitime défense» pour les policiers en affirmant «J’ai simplement à dire ma confiance, mon soutien et la compréhension des collègues de ce policier aujourd’hui mis en examen». Soutenu par le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, ce dernier a assuré « Nous ne pouvons pas accepter qu’un policier soit d’abord blessé avant d'être en mesure juridiquement de riposter ».
Marine Le Pen a elle aussi exprimé son soutien à l’égard des policiers protestant contre la mise en examen pour « homicide volontaire » d’un de leurs collègues qui a tué un multirécidiviste. «Marine Le Pen et le Front National sont solidaires des policiers qui manifestent contre les mesures qui frappent leur collègue de Seine-Saint-Denis», a écrit l’un des vice-président du FN, Wallerand de Saint-Just avant d’ajouter « le Front national soutient une présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre concernant l’exercice de leurs fonctions sur le modèle de la gendarmerie nationale».
Quant à François Hollande, il a préconisé que les policiers bénéficient dans ces circonstances d’une «protection administrative» et ne perdent pas leur salaire. «Je sais qu’ils font un travail très difficile (…) en même temps, il y a l’indépendance de la justice, elle est là, personne ne peut la mettre en cause » a déclaré le candidat PS.
Les magistrats, choqués des propos du Front National et du parti majoritaire, ont jugé « aberrante » la réaction du ministre de l’Intérieur indiquant qu’une « mise en examen ne vaut pas condamnation ».
Tout le monde y va de son point de vue à l’approche du second tour de l’élection présidentielle. Mais la présomption de légitime défense accordée aux policiers pourra t-elle un jour être légiférée ? Cela reviendrait à nier la Déclaration universelle des droits de l’homme qui prévaut que « Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi ».