Algérie 1957 : Emmanuel Macron admet une exécution
Publié le Par Fabrice Bluszez
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Le président de la République, Emmanuel Macron, vient de reconnaître officiellement l'exécution sommaire de Larbi Ben M'hidi, héros de l'indépendance d'Algérie, en février 1957. En 2000, le général Paul Aussaresses l'avait déjà avouée.
C'était le 13 novembre 2000 dans Le Monde : le général Aussaresses, "sans remords ni regrets", expliquait, avec humour parfois, hélas, comment il avait été chargé des basses oeuvres, les interrogatoires et exécutions de combattants algériens. Extrait...
Parfois, je disais à Massu : "On a ramassé untel" et je le regardais dans les yeux avant d'ajouter : "On le tuera demain." Massu poussait un grognement, et je prenais cela pour un oui.
- Vous ne savez vraiment pas précisément combien d'hommes vous avez tués ?
- Si... J'en ai tué 24.
Le général Paul Aussaresses (photo DR).
Hélas aussi, le général Paul Aussaresses a écrit un livre de souvenirs intitulé "Services spéciaux, 1955-1957". Cette fois, il va trop loin. Le Monde, le 4 décembre 2013, raconte après le décès du militaire, à 95 ans...
On découvre qu'en mars 1957, à Alger, Aussaresses a pendu Larbi Ben M'Hidi, considéré en Algérie comme une figure semblable à Jean Moulin, et fait précipiter dans le vide Ali Boumendjel, un avocat engagé auprès du FLN. La thèse officielle donnée par l'armée française était – et reste toujours – que ces deux hommes se sont suicidés. Le scandale est considérable. Aussaresses est déchu de sa Légion d'honneur, sur ordre de Jacques Chirac, et poursuivi par la justice française pour « apologie de la torture ».
"Officiellement"
Pour les historiens, la cause était entendue. Mais l'intervention du Président français à l'occasion des 70 ans du début de la guerre d'indépendance permet à algerie360.com de titrer : "Après 67 ans, la France admet avoir assassiné Larbi Ben M'hidi". Le 1er novembre 1954 est la date des premiers combats des "terroristes" que les généraux Aussaresses, Massu et Pâris de La Bollardière ont combattus (le dernier, opposé à la torture, est devenu pacifiste militant).
Le début de la guerre d'Algérie, à la une de France-Soir, et une autre photo de Ben M'hidi.