Le laboratoire Servier dément avoir connu le danger du Mediator depuis 1995
Publié le Par Florie Valsot
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Le laboratoire pouvait difficilement ignorer les risques du Mediator et ses effets secondaires, notamment l'insuffisance cardiaque, car des produits équivalents avaient été interdits à l'époque.
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Norfenfluramine. C’est le nom du composé obtenu dans l’organisme si on ingérait le Mediator. Déjà en 1995, on le savait dangereux. Et pourtant, Servier n’a pas empêché la production de ce médicament « coupe-faim ». En 2008, la tolérance cardio-vasculaire était reconnue comme « satisfaisante ». Pourtant, les chercheurs du laboratoire auraient étudié « les produits de dégradation du Mediator », depuis les années 90. Ce médicament, prévu à la base pour les diabétiques en surpoids, aurait été à l’origine de nombreux décès (entre 500 et 2 000 morts, et plus de 3 500 hospitalisés) en 33 ans (entre 1976 et 2009). Il a été retiré de la vente en novembre 2009.
Déjà en 1995, une molécule rendait toxique l’Isoméride et le Pondéral, deux coupe-faim responsables d’hypertension pulmonaire artérielle provocant des insuffisances cardiaques graves, médicaments interdits à la vente en 1999. La molécule en question, appelée fenfluramine (Pondéral) ou dexfenfluramine (Isoméride) se retrouve aussi dans le Mediator. Comment le laboratoire pouvait ignorer la dangerosité de ce traitement et sa métabolisation une fois ingéré ? Servier dément et prétend que « la science n’était pas assez avancée en 1995 pour qu’on sache (…), l’Isoméride a été retiré du marché en 97 parce que les structures de molécule étaient semblables entre la dexfenfluramine et le benflurorex (nom scientifique attribué au Mediator), il fallait se poser des questions et nous nous en sommes posées… »
Il est préconisé par l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) de consulter son médecin traitant pour toute personne ayant pris ce médicament pendant 3 mois d’affilé entre 2006 et 2009, de manière à vérifier l’état de santé de chacun. Selon une analyse de l’Afssaps, le Mediator serait responsable de 1 750 interventions en chirurgie cardiaque.
Durant toutes ces années, on compte plus de 145 millions de boîtes vendues en France (prescriptions hospitalière à part), et 300 000 personnes sous traitement. Chaque année, 7 millions de boîte étaient vendues en France (chiffres : le Figaro). Le procureur poursuit directement le laboratoire Servier devant le Tribunal correctionnel de Nanterre pour tromperie aggravée.