Législatives : Manuel Aeschlimann (UMP) peut-il conserver son poste de député ?
Publié le Par Jennifer Declémy et Julie Catroux
Martin Bureau/AFP
Portrait du député sortant de la 2e circonscription des Hauts-de-Seine, Manuel Aeschlimann, candidat UMP mis en difficulté dans le 92.
Manuel Aeschlimann pourra-t-il rempiler à l'Assemblée nationale le 17 juin prochain ? Rien de moins sûr, alors qu'il doit faire face, dans la 2e circonscription des Hauts-de-Seine, à une autre candidate de la droite très connue nationalement, Rama Yade, et au candidat socialiste qui lui a ravi la mairie d'Asnières en 2008, Sébastien Piétrasanta, bien parti pour remporter ce siège de député.
Voir : Sébastien Piétrasanta, premier député socialiste d'Asnières ?
Les débuts en politique furent chaotiques pour Manuel Aeschlimann. Militant RPR à partir de 1987 et nommé à seulement 25 ans premier adjoint au maire de d’Asnières-sur-Seine, il sera exclu du parti cinq ans plus tard. S’ensuit une exclusion du parti Génération Ecologie sous lequel il s’était présenté aux élections cantonales.
Premier adjoint au maire divers droite d’Asnières sur Seine de 1994 à 1999 et membre du conseil général des Hauts-de-Seine, il en préside la commission de la culture, de la jeunesse et des sports avant d’être élu maire UDF de la ville en 1999. Conciliant vie politique et professionnelle en étant maitre de conférence à l’Institut Politique de Paris, spécialiste de la stratégie électorale, Manuel Aeschlimann sera même élu en 2002 député dans la 2ème circonscription des Hauts-de-Seine avec plus de 63% des voix puis réelu en 2007 avec une trés grande facilité dans ce fief de la droite qui n'a jamais accordé un seul député à la gauche depuis 1958.
Même s’il ne fait pas partie des membres les plus dynamiques et des plus présents du Parlement, le député UMP fait partie de la commission permanente traitant des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la république et étudie notamment le projet de loi des finances pour les années 2011 à 2014, l’immigration, l’intégration et la nationalité et les réformes des collectivités territoriales. Il cosigne des propositions de loi, notamment en matière de sécurité, dont celle visant à inciter à la remise en état des biens dégradés par les auteurs de graffitis, ou celle visant à renforcer les mesures prises à l'encontre des personnes coupables de mauvais traitements sur les personnes âgées.
Voir : le bilan parlementaire des députés des Hauts-de-Seine.
Mais en 1998, Manul Aeschlimann va basculer dans les affaires sombres de la politique. Accusé de favoritisme dans l’attribution d’un marché public, il sera condamné en 2009 en première instance à 18 mois de prison avec sursis et quatre d’inégibilité et 20 000 euros d’amende mais en 2011, la Cour d’appel de Versailles réduit la peine d’inégibilité à un an.
Puis en 2006, une enquête est ouverte par la brigade de répression de la délinquance économique concernant les listes électorales qui auraient été triées par origine ethnique à maire d’Asnières. L’élu dénonce l’ouverture de cette enquête à seulement trois semaines des élections. En décembre 2007, la presse publie un rapport de la chambre régionale des Comptes d’Ile-de-France qui met en cause plusieurs aspects de la gestion de la mairie comme des faiblesses fiscales et un lourd endettement, une consommation excessive de carburant pour les véhicules de la mairie, « des honoraires d'avocats somptuaires », la « nomination irrégulière d'un cadre technique », la gestion de la construction d'un parking, ou encore un « conflit d'intérêts » de son adjoint dans des opérations immobilières. Mais la liste s’allonge encore puisque la même année, le maire est accusé de trafics d’influence présumés. L’affaire porte sur le renouvellement d’une délégation de service public au bénéfice du leader français de la restauration scolaire, Avenance. L’affaire a récemment donné lieu à une vive polémique entre le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, et la présidente de la 15e chambre, Isabelle Prévost-Desprez.
Ces accusations et ces condamnations n’empêchent pas pour autant Manuel Aeschlimann de continuer la politique et de devenir conseiller technique de Nicolas Sarkozy en 2005, après avoir créé et présidé la commission du suivi de l’opinion publique à l’UMP. Très proche de Nicolas Sarkozy, il enregistre néanmoins une lourde défaite en 2008, lors des élections municipales où la mairie d'Asnières lui échappe des mains, pour passer dans celles du socialiste Sébastien Piétrasanta. Une véritable claque pour ce proche de Nicolas Sarkozy qui passe désormais dans l'opposition municipale et qui voit la gauche gagner en influence dans la 2e circonscription. Ca plus la concurrence de Rama Yade pourraient véritablement lui coûter son poste de député en juin prochain.
Parti en campagne depuis quelques semaines, le député sortant veut principalement parler de sécurité, du déficit public et de la dette, des PME, de la famille ou encore de handicap, et il conserve quelques marqueurs de la campagne de Nicolas Sarkozy, en voulant notamment lutter contre l'assistanat ou en contrôlant l'immigration. Mettant en avant ses soutiens nationaux comme François Fillon, Manuel Aeschlimann sera accompagné de poids lourds de l'UMP pour la fin de sa campagne, en espérant que cela lui permettra de sauver son siège de député.