La Cour des Comptes sonne l'alarme
Publié le Par Jennifer Declémy
A 70 jours du premier tour de l'élection présidentielle, et alors que Nicolas Sarkozy se prépare à entrer en campagne, la Cour des Comptes vient bouleverser la campagne en sonnant l'alarme sur l'état des finances publiques françaises.
L'état doit baisser de manière urgente son déficit : c'est le message principal du rapport annuel de la Cour des Comptes, remis hier au Président de la République. Ce matin devant la presse, le président de la Cour Didier Migaud a précisé ses propos en expliquant que l'endettement public, actuellement de 1700 milliards d'euros, pesait sur la croissance et privait le pays de marges de manoeuvres budgétaires pourtant cruciales. D'où une insistence nette de l'ancien député sur un effort de redressement de toutes les personnes publiques, aussi bien état que collectivités locales et sécurité sociale, qui devrait porter davantage sur les dépenses que les recettes étant donné "le niveau déjà atteint par les prélèvements obligatoires dans notre pays".
Si les magistrats de la Cour reconnaissent bien volontiers que la situation est difficile et que les voies d'action sont étroites, ils insistent aussi sur les conséquences dangereuses d'une politique économique qui laisserait filer la dette. Ainsi, si la situation se poursuivait, la dette publique pourrait atteindre 100% du PIB d'ici 2015 ou 2016, et même 122% d'ici 2020. Les charges d'intérêt seraient alors équivalentes à 4,5% du PIB.
La Cour plaide donc "pour un effort structurel de redressement, suffisamment rapide et vigoureux, d'un point de PIB par an, soit 20 milliards par an pendant cinq ans" et reconnait que les efforts du gouvernement fin 2011 "sont encourageants" mais que "la quasi-totalité de l'amélioration structurelle a reposé en 2011 sur les hausses des prélèvements obligatoires". Cependant, les magistrats jugent que l'objectif pour 2012 sera difficile à atteindre et que "la plus grande part du chemin reste à parcourir en 2013 et 2014". Pour remédier à cela, "l'incertitude est l'ennemie de l'investissement et de l'initiative, donc de la croissance. C'est pourquoi il convient d'éviter deux écueils : différer l'ajustement ou procéder par une série d'ajustements successifs (...) il faut établir dès maintenant un programme détaillé, crédible, fondé sur des hypothèses réalistes".