Implosion de la commission Cahuzac : et maintenant ?
Publié le Par Gaspar S.
Parti socialiste - flickr
Suite au refus des députés socialistes d'auditionner le Premier ministre et d'organiser une confrontation entre Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac, les membres UMP ont suspendu leur participation à la commission d'enquête.
Vraisemblablement, Jean-Marc Ayrault ne sera jamais auditionné par la commission d'enquête parlementaire chargé de faire la lumière sur la gestion gouvernementale de l'affaire Cahuzac – comme l'ont été Cahuzac, Moscovici, Valls ou encore Taubira. Mais attention, en s'épargnant l'opportunité de lever certaines zones d'ombres, le Premier ministre prend le risque de prêter le flanc à des critiques répétées et de trainer comme un boulet la méandreuse affaire Cahuzac.
Hier 24 juillet, les membres socialiste de la commission dirigée par Charles de Courson (UDI), ont rejeté l'idée d'entendre le chef de la majorité. Ce dernier – en plus du président, qui ne peut être auditionné par l'Assemblée – est le seul participant à la réunion supposée du 16 janvier qui n'ait pas témoigné devant les députés. Pourtant, depuis l'audition de Pierre Moscovici, le 16 juillet dernier, la réunion – qui aurait eu lieu après le conseil des ministres dans une petit salle jouxtant le salon Murat – est au centre de toutes les attentions.
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Certains membres de la commission auraient souhaité avoir le sentiment de Jean-Marc Ayrault puisque Jérôme Cahuzac, lui, a assuré n'avoir «aucun souvenir» de l'entretien à quatre relaté à la mi-juillet par le ministre de l'Economie. Mais le rapporteur, Alain Claeys (PS), a jugé que l'audition de Jean-Marc Ayrault «n'apporterait rien». Et, en conséquence, les dix élus socialistes membres de la commission ont voté contre la tenue d'une prise de parole du Premier ministre.
Tenants à manifester leur mécontentement, les députés de droite ont quitté la séance et ont suspendu leur participation à la commission. «Il faut que Jean-Marc Ayrault vienne s'expliquer devant la commission. S'il ne vient pas, cela veut dire qu'il a quelque chose à cacher et que l'on est sans doute devant un autre scandale que l'affaire Cahuzac», a lancé peu après Christian Jacob, patron des députés UMP.
«Depuis le début, l'on nous dit que le président et le premier ministre ne se sont pas occupés de cette affaire. Or on apprend qu'il y a bien eu une réunion à l'Elysée, au cours de laquelle M. Cahuzac serait même intervenu et qui a été décrite de manière très précise par Pierre Moscovici alors que M. Cahuzac dit ne se souvenir de rien. Qu'est-ce que le premier ministre a à cacher ?», a renchéri aux oreilles du Monde Gérard Darmanin, secrétaire démissionnaire de la commission d'enquête. Dans la foulée, les socialistes ont également voté contre l'organisation d'une confrontation entre Moscovici et Cahuzac – qui aurait pourtant été amusante à suivre...
Interrogée ce 25 juillet, Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, a, pour sa part, estimé que la commission constituait «un exercice totalement inédit de transparence sur les procédures qui ont prévalu au sommet de l’Etat dans une affaire comme l’affaire Cahuzac»... «Ce n’est pas le Premier ministre qui a refusé de se rendre devant la commission, c’est la commission qui a décidé qu’il n’était pas utile d’auditionner le Premier ministre», a-t-elle expliqué – avec, disons-le, une légère mauvaise fois.
Quoiqu'il en soit, il semble que rapporteur et président de la commission vont devoir statuer sans avoir toutes les pièces du dossier. Leurs conclusions n'en seront que plus fragiles...
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