Législatives : le FN en Ile-de-France, rien à craindre ?
Publié le Par Jennifer Declémy
Si l'extrême-droite de Marine Le Pen espère compter lors de cette élection législative, en se maintenant au second tour dans plusieurs dizaines de circonscriptions, le risque reste plus que faible en Ile-de-France.
C’est une des grandes menaces qui pèsent sur ce scrutin : quel score fera le parti de l’extrême-droite de Marine Le Pen lors de ces prochaines élections législatives, alors qu’il est actuellement crédité de 15% des suffrages ? Doit-on s’attendre à de bons scores pour l’extrême-droite en Ile-de-France les 10 et 17 juin prochain ? Où ces départements sont-ils à l’abri de voir des députés extrémistes entrer au Parlement en juin prochain ? Selon les départements dont on parle, la situation varie.
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Paris.
Dans la capitale parisienne, le risque FN est quasi inexistant. Dans la grande ville en effet Marine Le Pen a fait de faibles scores eu égard à son résultat national. 6,20% des parisiens seulement lui ont accordé leurs suffrages, soit trois fois moins que le score national. Si un candidat du Front national a été investi dans chacune des circonscriptions de la capitale, sur le terrain en revanche leur présence est inexistante, comme le confirment plusieurs candidats et/ou députés sortants interrogés sur ce sujet.
Les candidats présentés sont des inconnus de la vie parisienne, et sur le net leur présence est inexistante, hormis un encart sur le site du Front national qui n’apprend absolument rien sur leurs programmes ou leurs campagnes. Dans aucune des circonscriptions les candidats ne sont en mesure de se qualifier pour le second tour ou même de peser sur le cours du résultat de l’élection.
· Essonne.
Dans le département du 91, Marine Le Pen a réalisé un score presque équivalent à celui réalisé au niveau national, à savoir 15,20% des voix, ce qui fait espérer à l’extrême-droite de s’imposer dans certaines circonscriptions, dans la mesure où dans trois d’entre elles, Marine Le Pen a dépassé le seuil des 12,5% des inscrits pour pouvoir se qualifier au second tour. C’est donc dans trois circonscriptions que l’extrême-droite veut peser, et c’est dans quelques autres où elle désire faire éliminer des candidats UMP qui ont le mauvais goût de ne pas lui plaire.
Dans la 7e circonscription de l’Essonne plus particulièrement le Front national espère bien atteindre le second tour dans le cadre d’une triangulaire, d’autant que les dissidences à gauche et à droite sont légion. C’est d’ailleurs pour cela que c’est la secrétaire départemental du FN, Audrey Guibert, déjà candidate aux cantonales, qui y a été investie, avec la ferme intention de venir jouer les trouble-fêtes. C’est aussi la seule candidate du département qui organise un meeting de campagne. Dans la 2e circonscription, le candidat de l’extrême-droite Franck Sailleau espère également une triangulaire qui pourrait faire tomber le député UMP sortant, Franck Marlin.
Mais c’est dans deux circonscriptions bien particulières que le FN espère pouvoir montrer ses crocs les 10 et 17 juin prochain, avec deux cibles de Marine Le Pen qu’elle veut absolument voir échouer. Dans la 9e circonscription tout d’abord, c’est le député UMP sortant, Georges Tron, qui connait actuellement des problèmes avec l’extrême-droite locale qu’il accuse d’un complot judiciaire contre lui. Dans la 4e circonscription ensuite, c’est l’ancienne ministre Nathalie Kosciusko-Morizet qui a été placée sur une liste noire et dont Marine Le Pen veut absolument la tête. La députée sortante a en effet eu l’outrecuidance d’écrire un excellent livre sur les dangers de l’extrême-droite pour la France. Si dans ces deux circonscriptions, les deux candidats du FN ne sont pas en mesure de se qualifier, la cheftaine de l’extrême-droite française pourrait appeler à voter pour les candidats socialistes leur faisant face juste pour les faire perdre.
· Val-de-Marne.
Dans ce département, Marine Le Pen a obtenu un moins bon score qu’au niveau national, avec 11,86% des suffrages recueillis le 22 avril dernier. Présentant là aussi des candidats totalement inconnus, l’extrême-droite n’est en mesure de peser sur aucune des douze circonscriptions en jeu.
· Hauts-de-Seine.
Avec un score « bas » de 8,51% des voix dans le département le plus riche de France, l’extrême-droite n’aura aucun poids politique lors de cette élection dans les treize circonscriptions. Les candidats de ce département que nous avons pu interroger, à l'instar de Rama Yade ou Sébastien Piétrasanta confirment que le candidat FN qui leur fait face, Guillaume L'Huillier, est totalement inconnu dans la circonscription et n'est pas du tout présent sur le terrain, tout comme ses collègues dans le 92. Le candidat dans la 1ère circonscription, Rémi Carillon, lui s'est déjà fait remarquer par ses positions violemment islamophobes, mais il n'est pas en mesure de peser dans cette circonscription.
Voir : l'étrange candidat du FN dans les Hauts-de-Seine.
Seine-Saint-Denis.
Dans ce département également des candidats ont été investi dans chaque circonscription, mais dans une seule un candidat peut espérer se maintenir dans le cadre d'une circonscription, à savoir la 12e, celle d'Eric Raoult, le député UMP sortant qui lui ne craint guère la concurrence de l'extrême-droite sur ses terres. Dans cette circonscription en effet Marine Le Pen avait obtenu près de 18% des suffrages, mais dans la mesure où un candidat doit obtenir, grosso modo, entre 18 et 20% des suffrages lors du premier tour d'une législative pour se maintenir, le risque reste assez faible et le candidat UMP ne s'en inquiète visiblement pas.
Dans l'ensemble du 93 Marine Le Pen n'a obtenu "que" 13,5% des voix, ce qui rend l'hypothèse d'une présence de l'extrême-droite au second tour en Seine-Saint-Denis plus que limitée.