UMP : le difficile pari des législatives.
Publié le Par Jennifer Declémy
Ils rêvent de prendre leur revanche lors des prochaines législatives, et pourtant, il sera très difficile pour l'ancienne majorité présidentielle que d'éviter une hécatombe.
Officiellement ils veulent tous réussir ce « troisième tour » législatif pour empêcher la gauche de remporter tous les pouvoirs de la Cinquième République. Dernière chance pour l’UMP d’espérer peser dans la vie politique de ces cinq prochaines années, le parti de l’ancienne majorité présidentielle aborde pourtant cette échéance avec énormément d’obstacles sur la route.
· La désunion de la droite dans certaines circonscriptions.
Lorsque la commission d’investiture de l’UMP a décidé, en janvier dernier, quels seraient ses candidats dans la plupart des 577 circonscriptions, cela a suscité de nombreuses critiques au sein de la droite, alors que nombre d’élus du terrain se sont vus écarter au profit de certains ‘parachutages’ dus notamment au redécoupage électoral effectué par Alain Marleix lors du mandat de Nicolas Sarkozy. Rien qu’à Paris, la droite se déchire dans beaucoup de circonscriptions.
« C’est un rendez-vous manqué de l’UMP, une décision qui snobe les élus de terrain. Ce sont des épisodes qui tendent à se multiplier » fulminait alors David Alphand, qui a décidé de se présenter en dissidence contre Claude Goasguen dans le XVIe arrondissement, tout comme Thierry Solère à Boulogne-Billancourt contre Claude Guéant, parachuté dans la circonscription sans jamais avoir effectué le moindre mandat électif, Rachida Dati contre François Fillon dans le VIIe arrondissement, Brigitte Kuster contre Bernard Debré dans la 4e circonscription, Franck Margain contre Charles Beigbeder (proche de Jean-François Copé parachuté) dans la 8e circonscription, Marie-Claire Carrere-Gee contre Jean-Pierre Lecoq dans la 11e circonscription, Thibaut Coulon contre Guillaume Peltier dans la circonscription de Tours, Julien Balkany contre Frédéric Lefebvre dans la circonscription d’Amérique du Nord, Arnaud Dassier contre Claude de Ganay dans la 3e circonscription du Loiret ou encore Alain Marsaud contre Patricia Elias-Smida pour la circonscription d’Afrique et du Moyen-Orient.
· La menace de la gauche.
Face à ces multitudes de candidatures à droite dans certaines circonscriptions, il faut aussi constater que la gauche, sur le terrain, a regagné des forces et pourrait bien faire basculer certaines circonscriptions dans son escarcelle. D’autant que François Hollande, le 6 mai, a triomphé dans certaines villes/départements qui sont des fiefs électoraux de l’UMP. Beaucoup ont désormais des raisons de s’inquiéter, et ce n’est pas pour rien qu’Alain Juppé a renoncé à se présenter dans sa circonscription de Bordeaux qui a voté à 59% pour le socialiste au second tour.
Dans les Hauts-de-Seine également la droite a du souci à se faire, avec un Nicolas Sarkozy qui ne l’a emporté que d’une minuscule majorité, avec 50,52% des suffrages. Plus inquiétant encore, François Hollande l’a emporté dans les villes de Patrick Devedjian, André Santini, Manuel Aeschlimann et Jean-Pierre Schosteck qui se présentent tous aux législatives en juin prochain. De quoi faire espérer au responsable socialiste du département, Pascal Buchet, de pouvoir arriver à faire élire quelques députés socialistes dans les Hauts-de-Seine, ce qui n’est pas arrivé depuis dix ans.
Mais c’est sur le terrain également que les témoignages de députés candidats à leur réélection se multiplient et attestent d’une difficile voire impossible reconduction dans leurs fonctions législatives. Dans le Doubs, le Pas-de-Calais ou le territoire de Belfort, beaucoup d’élus s’inquiètent après avoir ravi, il y a encore cinq ou dix ans, un siège à la gauche, de voir cette dernière le leur reprendre. D’autant que pour beaucoup, la dynamique du mouvement nationale couplée au rejet personnel de Nicolas Sarkozy met en danger les candidats UMP. Ce n’est pas pour rien non plus que les membres de la Droite Populaire qui se représentent le font non pas sur l’étiquette de leur parti mais sur celle de leur mouvement, si proche du Front National justement bien implanté dans leurs fiefs (Var, Vaucluse, Bouches-du-Rhône).
· La menace FN.
Et c’est justement la menace du Front National qui inquiète terriblement les élus UMP candidats aux législatives. Hier, Marine Le Pen a bel et bien confirmé, par le biais de Bruno Gollnisch, la rumeur qui circulait depuis plusieurs semaines déjà, à savoir qu’il existe au Front National une liste noire d’élus de l’UMP qu’il faut à tout prix abattre en raison de leur manque d’affinités avec l’extrême-droite. Sont ainsi visés NKM, Xavier Bertrand, Nadine Morano, Jean-François Copé ou encore Claude Guéant. Dans la circonscription du secrétaire général de l’UMP, c’est un poids fort du FN qui a ainsi été investi, Marie-Christine Arnautu, proche de Marine Le Pen qui s’ailleurs s’était rendue à Meaux durant sa campagne présidentielle. Le but ici est bel et bien de faire trébucher la droite parlementaire, même si ça fait élire des socialistes.
Si certaines personnalités sont nominalement visées, c’est aussi le score du Front National dans certaines circonscriptions qui fait pâlir l’ancienne majorité présidentielle. Pour Marine Le Pen, le calcul est clair, « si nous faisons le même score aux législatives, nous présents dans 353 circonscriptions au second tour », et le Front National pourrait ainsi réaliser de très hauts scores dans des régions traditionnellement à droite comme l’Alsace ou la Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Dans l’Oise, c’est Eric Woerth qui est menacé par l’extrême-droite arrivé devant l’UMP le 22 avril dernier, ainsi qu’Olivier Dassault dans la 1ere circonscription ; dans le Vaucluse la nièce de Jean-Marie Le Pen part en bonne position pour la circonscription de Carpentras, où elle affrontera un membre de la droite populaire, Jean-Michel Ferrand tandis que l’ancienne circonscription de Thierry Mariani pourrait aussi offrir un siège à l’extrême-droite ; dans le Gard, Gilbert Collard pourrait tirer son épingle du jeu face à Etienne Mourrut, et dans la 4e circonscription, le candidat UMP Max Roustain a bien du souci à se faire, son candidat étant arrivé à la 3e place au premier tour ; dans les Bouches-du-Rhône, l’effet Marine Le Pen menace dans les 12e, 13, et 16e circonscriptions, où postule un membre de la droite populaire ; dans l’Hérault c’est Louis Aliot qui tentera de profiter du bon score de sa compagne pour ravir la place de Fernand Siré ; en Moselle le FN pourrait également faire un carton, Marine Le Pen étant arrivé en tête de 3 circonscriptions sur 9 ; dans la Meuse Marine Le Pen est aussi devant l’UMP au premier tour ; en Haute-Marne, le souverainiste Paul-Marie Coûteaux peut espérer faire battre l’UMP François Cornut-Gentille ; dans les Vosges, l’UMP risque également de se faire battre par un FN très loin devant lui le 22 avril dernier.
Helene Boye
09/05/2012 14:21
Une petit rectification, sur les parachutages...........pour la 10eme circonscription des francais de l'etranger, l'équipe UMP travaille depuis plus de 6 ans sur le terrain avec la déléguée Fabienne Blineau-Abiramia, suppléante du candidat.