France Politique

Une méthodique conquête du pouvoir.

Publié le  Par Jennifer Declémy

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Pour François Hollande, la victoire d'hier soir scelle une longue entreprise de conquête du pouvoir, souvent isolé, mais toujours sûr de son destin présidentiel.

 

« Quelle histoire ! » disait François Mitterrand il y a 31 ans. La même exclamation pourrait être proférée aujourd’hui, après la victoire annoncée, prédite, organisée et pourtant toujours surprenante de François Hollande à l’élection présidentielle. Car François Hollande, c’est avant tout l’homme d’un parti, le Parti Socialiste, qui n’a jamais été considéré, du moins jusqu’à récemment, comme un possible et potentiel chef de l’état.

François Hollande est parti à la conquête du pouvoir depuis 2008, date à laquelle il a quitté la direction du principal parti de la gauche, époque aussi où il commence une longue traversée du désert où les amis se feront rares et où les sondages consacreront en avance Dominique Strausss-Kahn que le corrézien n’a jamais aimé, et qu’il ne peut imaginer devenir un chef d’état. Dans l’indifférence générale il va donc commencer sa méthodique, lente et acharnée conquête du pouvoir. Transformation physique, tournée des départements français pour consolider ses bases politiques et réflexion sur ce que pourraient être ses thématiques et son axe de campagne vont alors occuper tout son temps. Et c’est petit à petit que le socialiste va creuser son nid, sans jamais varier du cap qu’il s’est fixé. Car malgré les apparences, François Hollande a l’ambition présidentielle chevillée au corps. Il aurait voulu y aller en 2007, mais il ne laissera pas passer sa chance en 2012.

C’est en mai que sa chance apparait le plus clairement au grand jour, avec l’éviction du jeu politique de l’ancien directeur du FMI pour une sordide histoire de viol. La consécration des primaires ne sera que la suite logique d’une longue aventure entamée dès 2009. Et le député de Corrèze confirme, « j’ai pris la route, à mon rythme, sans tenir compte des pronostics, des coteries, des commentaires goguenards de ceux qui prévoient tout et qui ne voient rien ». Une stratégie étrangement payante, contre tous les avis.

C’est le meeting du Bourget qui va commencer à le révéler aux yeux des français, c’est à partir de ce moment que sa mue présidentielle va apparaitre au grand jour, avec un discours qu’on peut qualifier de fondateur pour le courant de la gauche que représente et incarne François Hollande. Désormais le Parti Socialiste respire et commence à croire de toutes ses forces que la victoire est au bout du chemin. « C’est le grand moment qui unifie le parti. Qui nous projette collectivement. A cet instant-là, on est tous certains d’avoir le chef qu’il faut » assure alors Benoit Hamon, qui pourtant était partisan de Martine Aubry lors de la primaire.

La suite de sa campagne confirmera cette présidentialisation de François Hollande, notamment avec l’affaire Merah, où l’on voit un candidat socialiste qui tient une posture de chef d’état, dans l’ombre de Nicolas Sarkozy, comme un possible remplaçant qui fera aussi bien, et même beaucoup mieux dans certains domaines.

C’est enfin dans l’entre-deux tours que sa stratégie s’avère payante. Une conférence de presse devant près de 200 journalistes le 25 avril, à la tonalité très présidentielle, puis sa tirade « moi président » pendant près de trois minutes, lors du fameux débat contre Nicolas Sarkozy, achèveront la mue présidentielle du « petit » député de Corrèze que personne ne pouvait imaginer habiter l’Elysée.

« Ce qui compte c’est le sérieux, le travail et la détermination » disait le socialiste en 2010, alors que le DSK était alors l’ultra-favori du futur scrutin. C’est effectivement le travail accompli ces dernières années, sa connaissance intime des rouages du Parti Socialiste et des dernières campagnes présidentielles qui y ont été menées, son observation implacable du quinquennat qui vient de s’écouler mais aussi un travail de fond sur son programme présidentiel qui auront permis de François Hollande de se lancer dans sa lente, méthodique conquête du pouvoir présidentiel.







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