Présidentielle : grand oral sans relief pour cinq candidats sur France2.
Publié le Par Jennifer Declémy
Grand oral passé sur France2 hier soir pour cinq des dix candidats, qui auront chacun joué leur partition, sans surprise, sauf pour le dernier d'entre eux...
C’est une édition très révisée du débat initial que la chaine du service public voulait organiser, et le défilé de cinq candidats, ayant droit chacun à 16 minutes n’apporta pas grand-chose au débat même si Philippe Poutou créa la surprise en fin de soirée et conquit le public avec sa simplicité et sa franchise surprenante pour un candidat à la présidentielle.
François Hollande était en terrain conquis, Eva Joly attaqua Nicolas Sarkozy sur le plan judiciaire, Nicolas Dupont-Aignan ne marqua pas les esprits, Marine Le Pen attaqua tout azimuts les immigrés et les élites, tandis que Philippe Poutou lui, apporta une sacrée vague de fraicheur, ouvrant la fenêtre sur des débats stériles et ennuyeux sur la fin.
« Je ne suis pas un petit candidat » a martelé le gaulliste souverainiste Dupont-Aignan, qui tenta de marquer les esprits face aux graphiques de François Lenglet. Conspuant une nouvelle fois les hommes politiques au pouvoir en France depuis 30 ans, il a répété qu’il ne rallierait aucun des deux favoris entre les deux-tours.
Eva Joly elle peut se vanter d’avoir l’apanage de « la petite phrase » de la soirée, en se disant coincée entre « la gauche molle qui ne promet rien et la gauche folle qui promet tout ». Consciente que sa campagne fut ratée, la candidate verte tenta de remettre sur le tapis quelques thèmes écologiques contenus dans son programme mais se démarqua surtout en rappelant toutes les affaires judiciaires qui encerclent Nicolas Sarkozy. « Ce n’est pas un secret qu’il y ait des comptes offshore ou en Suisse, nous savons qu’il y a des flux financiers qui sortent de chez les Bettencourt et rentrent chez de très proches de Nicolas Sarkozy. Ce qui est extraordinaire en France c’est qu’on puisse dire tout cela, et que rien ne se passe » a déploré l’ancienne juge d’instruction qui a rappelé également que l’excellent site d’information Mediapart révélait tous ces scandales, contrairement à la majorité des journalistes.
François Hollande qui lui succéda se montra serein, et presque affable. Fustigeant une nouvelle fois les accusations de Nicolas Sarkozy qui lui reproche tous les maux économiques de la France, il a tenu à rappeler que c’est son rival qui a perdu le triple A et aggravé la dette et qu’aujourd’hui, la situation économique était causée par « une gestion que nous connaissons, des déficits qui se sont accumulés ».
Promettant une nouvelle fois de renouveler un volet croissance au traité européen, le candidat socialiste a aussi marqué les esprits en expliquant « moi je ne suis pas le candidat pochette surprise, je ne suis pas dans le zig-zag ». En revanche, comme on s’en doutait déjà, l’accord avec les verts, sur le plan programmatique, ne sera pas appliqué car « un accord s’il a été signé entre les partis pour les circonscriptions, doit être respecté. En revanche, sur le projet, ce que les français auront voté s’ils me choisissaient comme président de la République, le projet que j’ai présenté serait le programme du Gouvernement ». Et dernière pique envers Nicolas Sarkozy « la stature présidentielle, on l’acquiert en devenant président. Pour être sympathique, c’est moins sûr ». Le principal intéressé appréciera.
Vint ensuite Marine Le Pen, qui se montra volontairement offensive et agressive envers les journalistes. Non exempte de plusieurs erreurs, elle se félicita d’avoir eu raison sur la Syrie, quand elle proclamait l’année dernière « que la voix diplomatique était la plus sage », ce que prouve d’ailleurs la mort de milliers de civils syriens massacrés par Al-Assad.
Son sujet de prédilection, l’immigration et l’islam, fut naturellement abordé, et la candidate d’extrême-droite revendiqua ses propos qui ont fait scandale lors de son discours de Nantes « combien de Mohamed Mehra qui arrive chaque jour en France » et répéta que « Mohamed Mehra ne serait pas resté en France » si elle avait été au pouvoir grâce notamment au rétablissement de la double peine qu’elle prône.
Elle a également maintenu ses propos sur les « avortements de confort » et refusé de généraliser les « pass contraception », arguant que dérembourser quelques avortements par an permettrait aux personnes âgées de mieux se soigner. Un lien de causalité qui laisse songeur.
Philippe Poutou termina la soirée, et apporta dans son sillage une nécessaire bouffée d’air frais en répétant qu’il n’était pas là pour être élu même si « ça surprend par rapport aux autres…Besancenot n’a va pas voulu continuer, il m’a dit ‘bah tiens, fais le, tu vas te faire chier toi aussi’ ». Souvenir qui a fait rire tout le monde sur le plateau.
« Ceux qui dirigent l’économie font n’importe quoi, ceux qui possèdent s’enrichissent sur le dos de la population, au prix de la précarité, du chômage, de conditions de travail qui se durcissent » s’est indigné le candidat ouvrier qui a également répété son attachement à la liberté de circulation. Interrogé sur Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou a réitéré sa proposition d’union des forces après le 22 avril, sauf si l’ancien sénateur socialiste entre au Gouvernement. « Si c’est pour nous faire le coup de la gauche plurielle on n’est pas d’accord » estime-t-il.