Le Barreau s'insurge contre un décret
Publié le Par Jennifer Declémy
Benoit Tessier/Reuters
Après la parution d'un décret qui permet aux ministres et parlementaires de devenir avocat sans examen, les avocats et magistrats s'insurgent.
Le récent décret pris en toute discrétion par le Gouvernement ne plait pas à l'ensemble de la profession judiciaire. Le décret en question permet en effet aux ministres et parlementaires de se recycler au Barreau en cas d'alternance en mai prochain, sans avoir à passer l'examen normalement obligatoire. Une exception qui déplait aux membres de la profession.
"Nous ne sommes pas la voiture balai des hommes politiques en fin de carrière" dénonce le syndicat des avocats, tandis que le syndicat général de la magistrature s'indigne d'un arrangement purement politique qui vise à recaser certaines personnes qui ont peur de perdre leurs postes. Mais "c'est une manière de brader dangereusement le métier d'avocat et un passe-droit que les politiques se sont attribués eux-mêmes" argumentent ces professionnels.
Le Conseil National du Barreau avait par ailleurs émis un avis négatif devant ce projet de décret qui lui avait été soumis. Le gouvernement lui justifie cette disposition par le fait que les assistants des parlementaires disposaient de cette passerelle et qu'il semblait donc "normal" de l'étendre aux parlementaires en question. Néanmoins, se pose la question du conflit d'intérêts, déjà soulevée en 2010 par le cas Jean-François Copé. La profession met en exergue en effet le problème que suscite désormais le mélange des genres entre avocat et législateur. A l'époque, le secrétaire général de l'UMP avait d'ailleurs été contraint de démissionner de son métier d'avocat, suite à la polémique.