Une semaine avant le Convoi de la liberté
Publié le Par Fabrice Bluszez
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Le Convoi de la liberté (en fait plusieurs convois) arrivera vendredi à Paris. On saura sans doute avant ce que représente cet espoir d'une manifestation nationale...
Au commencement était le Convoi de la liberté canadien, lancé par des routiers indépendants (et propriétaires de leur camion), sommés de vacciner pour pouvoir entrer aux Etats-Unis. Ils ont convergé vers Ottawa. En France, les routiers étant salariés, l'usage de leur camion sera forcément différent. L'idée reste de lancer des convois vers Paris, dès ce mercredi. Avec des camions, des voitures, des motos, des tracteurs... L'idée a un groupe sur Facebook : Le convoi de la liberté, 210.000 personnes le suivent, ce samedi 5 février.
Comme on le voit, les motivations débordent largement du cadre du passe vaccinal. D'où cet élan "populaire" qui s'exprime au fil des commentaires et des propositions d'aide (halte café, nourriture, logement). Sur la carte, plusieurs tracés. Les premiers départ, ce sera mercredi. Première occasion de connaître l'ampleur du mouvement. Chaque convoi grossira sans doute au fil du voyage. En voici le détail...
Une fois à Paris, "soirée de partage et de convivialité avec la solidarité citoyenne", puis départ pour ceux qui le souhaiteront vers Bruxelles (Belgique), capitale européenne. Car une autre manifestation y est prévue le lundi 14 février...
Des obstacles sur la route
Les convois devraient emprunter les routes nationales et départementales et donc, les autoroutes seraient libres. Pour une raison toute simple : il est facile de bloquer une manifestation sur une autoroute. A priori l'ampleur des manifestations imposera un gros travail aux forces de l'ordre. Mais même s'il est prévu de rouler à une vitesse moyenne de 50/70km/h, il suffira de peu pour provoquer des blocages. Or, l'entrave à la circulation reste un délit (L412-1 du Code de la route) qui peut faire réfléchir les automobilistes ou chauffeurs routiers...
"Le fait, en vue d'entraver ou de gêner la circulation, de placer ou de tenter de placer, sur une voie ouverte à la circulation publique, un objet faisant obstacle au passage des véhicules ou d'employer, ou de tenter d'employer un moyen quelconque pour y mettre obstacle, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 4 500 euros d'amende.
"Toute personne coupable de l'une des infractions prévues au présent article encourt également la peine complémentaire de suspension, pour une durée de trois ans au plus, du permis de conduire, cette suspension pouvant être limitée à la conduite en dehors de l'activité professionnelle.
"Lorsqu'un délit prévu au présent article est commis à l'aide d'un véhicule, l'immobilisation et la mise en fourrière peuvent être prescrites dans les conditions prévues aux articles L. 325-1 à L. 325-3.
Les délits prévus au présent article donnent lieu de plein droit à la réduction de la moitié du nombre maximal de points du permis de conduire.
Un autre obstacle à une forte mobilisation : le manque de camions. Au Canada, les routiers propriétaires de leur camion, travailleurs indépendants, peuvent utiliser leur véhicule librement. En France, les camions sont la propriété de sociétés et les chauffeurs sont salariés. Partir avec le camion vers Paris, c'est se mettre en grève, c'est utiliser abusivement le véhicule et en négligeant les clients de la société, peser sur le chiffre d'affaires... Le licenciement guette.
Dernier obstacle : la coordination. Lancé sur Facebook, sans parti politique ni syndicat et en dehors d'eux, le mouvement n'a pas de tête, pas de porte-parole... Pour communiquer entre eux, les manifestants dépendent des réseaux sociaux. Les difficultés avec les forces de l'ordre seront résolues sur place, avec des interlocuteurs locaux.