Un Rassemblement pathétique

Marine Le Pen, réélue présidente avec un score soviétique, veut marquer ainsi sa volonté de nouer des alliances à droite pour briser le plafond de verre qui empêche le "parti de gouvernement" qui serait désormais le sien d'accéder au pouvoir en 2022. Une "refondation" qui annonce, pense-t-elle, des lendemains joyeux. Enterré le catastrophique débat face à Emmanuel Macron, négligée l'ombre de Marion Maréchal-Le Pen qui plane sur le parti, oubliées les affaires juridico-financières qui s'emboîtent les unes dans les autres.
 

Mais cette musique risque rapidement de s'évanouir dans l'espace politique. Pour l'heure, seul l'ex-député LR Thierry Mariani semble prêt à opérer "un rapprochement". Laurent Wauquiez, lui, tournera le dos à ce "rassemblement". La tactique du nouveau président de Les Républicains est simple : débaucher les électeurs frontistes en pompant la partie identitaire du programme frontiste ! 

 

 

Marine Le Pen devra sans doute se contenter de bricoler un accord avec le soi-disant gaulliste Nicolas Dupont-Aignan, en lui pronostiquant une meilleure issue que lors du second tour de la présidentielle de 2017.

Il y a quelque chose de pathétique dans le choix opéré par la fille de Jean-Marie ! Ce que ne manque pas déjà de souligner le père…

De toute façon, le changement de nom ne changera pas les fondamentaux du parti d'extrême droite. Personne n'est dupe. Pas même certains de ses responsables. Éric Dillies, conseiller FN de la région Hauts-de-France, a parfaitement résumé la situation. "Il n'y a pas de refondation", mais simplement "une reprise en main", a-t-il analysé dans le JDD, avant de conclure : "Ce n'est pas en changeant du mauvais vin de bouteille qu'on le rendra meilleur !"

 

Patrick Béguier
est journaliste et écrivain