Une fois connus les résultats des élections législatives italiennes, les journaux transalpins n'ont pas hésité à titrer : Che Bordello ! (quel bordel !)
L'Italie se retrouve, en effet, dans une totale confusion. Qui du Mouvement 5 étoiles (populistes) ou de la coalition de droite et d'extrême droite sera appelé à gouverner par le président de la République, Sergio Mattarella ?
L'instabilité politique durera sans doute plusieurs mois. Avant de nouvelles élections ?
De son côté, l'Allemagne, après un long psychodrame (les élections fédérales ont eu lieu en septembre 2017 !), vient enfin de mettre sur pied son autre "grande coalition" entre la CDU-CSU et le SPD. Le retour aux urnes a été évité de justesse. Il aurait pu se traduire par une descente aux enfers des partis de gouvernement et un poids accru de l'extrême droite (l'AfD). Mais Angela Merkel sort considérablement affaiblie de l'épreuve. Emmanuel Macron aura beaucoup moins de mal à imposer ses vues sur la refondation de l'Europe qu'un Nicolas Sarkozy ou surtout, un François Hollande.
Alors que l'Espagne gaspille son énergie dans l'improbable résolution du problème catalan et que les Britanniques vivent un cauchemar avec leur Brexit (avec une Theresa May soumise à la pression de son propre parti et du Parlement), c'est donc la France qui apparaît comme le seul véritable pôle de stabilité en Europe.
Deux tours plutôt qu'un seul
On mesure ainsi les bienfaits de la Constitution de la Vème République et des modes de désignation qui ont suivi. Les Français ont deux tours de scrutin pour choisir et non pas un seul, ce qui empêche au final la dispersion des suffrages et limite fortement les manœuvres d'appareil. L'Italie, comme l'Allemagne, vivent un peu ce que les Français ont vécu sous la IVème République. Le régime présidentiel montre là sa supériorité sur les divers régimes parlementaires en vigueur chez nos voisins.
Il faut se garder néanmoins de réduire le rôle de nos assemblées au strict minimum démocratique. À cet égard, on peut s'inquiéter de certaines dispositions contenues dans la réforme des institutions que prépare "Jupiter". Le gouvernement vient d'annoncer, par exemple, son intention de définir le nombre d'amendements qu'un groupe parlementaire peut déposer en fonction de son nombre de députés. L'efficacité et la rapidité des procédures législatives sont, certes, à améliorer, mais ne doivent pas se faire au détriment du contenu, bien soupesé, de la loi.
Patrick Béguier
est journaliste et écrivain