Le Front national, vote d'un électeur sur trois
Publié le Par Fabrice Bluszez
Marine2017
L'élection présidentielle 2017 marque un tournant dans la vie politique française. Les sondages donnent Marine Le Pen à 40 % au second tour. Faut-il en faire tout un fromage ?
Tout a changé, désormais. Depuis le premier tour de l'élection présidentielle, en fait. L'élimination des candidats du Parti socialiste (et des Verts) et des Républicains (et de l'UDI) a surpris. Ils peuvent encore rebondir aux législatives qui suivront. Le PS et LR payent dix ans d'inefficacité dans la lutte contre le chômage.
La nouvauté est dans la présence de Marine Le Pen au second tour. A quatre jours du scrutin, elle est donnée à 40% des suffrages exprimés. Cela veut dire qu'au minimum, un électeur sur trois mettra un bulletin Le Pen dans l'urne. La présence d'un groupe de députés du Front national à l'Assemblée nationale est désormais inévitable. Et pour cinq ans. La seule inconnue est leur nombre : 60 ? 100 ?
Deux cartes peuvent mettre en lumière une des raisons de ce vote. L'une est fort ancienne. Cette carte sort d'un manuel scolaire des années 60 et montre la France industrielle d'alors.
L'autre montre le vote du 1er tour de l'élection présidentielle. Le vote Marine Le Pen est en bleu foncé.
Les 7,67 millions de voix se retrouvent dans les départements touchés par la désinsdustrialisation et le chômage. Y compris outre-mer où le taux de chômage avoisine les 20%. Exception : l'Ile-de-France...
Sur ce sujet, on lira dans Challenges, l'explication de l'éditorialiste Denis Jambar, dans un article intitulé : "La faillite des Républicains et du Parti socialiste face au chômage, clé du séisme présidentiel". Un extrait :
« La France des zones urbaines à forte densité, plus riche, qui concentre les créations d'emplois, donc moins frappée par le chômage, est aussi celle qui croit encore à l'Europe. La France rurale et la France périphérique vivent, en revanche, de plus en plus difficilement, se sentent abandonnées, preuve que la droite et la gauche n'ont pas su gérer ce décrochage par une politique redistributive équitable et efficace. »
Cela dit, même pendant la campagne, la mutation de notre économie continue. Exemple : la mise en cessation de paiement des magasins de vêtements à bas prix Tati (1.700 salariés), rendue publique le vendredi 28 avril, ou l'annonce, mardi 2 mai, par Engie, ex-EDF, de la suppression de 1.900 postes.
Tout un fromage
L'arrivée au pouvoir du Front national pourrait-elle enrayer ces changements de mode de consommation ou de production ?
Un exemple, et bien sûr, à priori, ça n'a rien à voir... C'est une information venue du Québec : "la fromagerie Boivin a racheté la fromagerie Lemaire". Il s'agit de production de fromage en grains, dont les Québecois usent abondamment. Ce regroupement a lieu dans la prespective de l'arrivée du fromage européen. Un extrait de l'article de La Presse + :
« Luc Boivin avoue lui aussi que cette acquisition a un lien direct avec l’arrivée prochaine de fromages européens au Canada. L’Accord économique et commercial global (AECG) conclu avec l’Europe apportera 17 millions de kilos de nouveaux fromages au Canada durant les cinq prochaines années. Les premières meules pourraient arriver dès l’été prochain. »
Le plus cruel, c'est que ce fromage européen que craignent les producteurs canadiens de fromage en grains, ce sera du cheddar anglais... De cette Angleterre qui devrait sortir de l'Union européenne...
Mozzarella rapée (canadienne) de la fromagerie Boivin.