Présidentielle : un débat un peu figé
Publié le Par Fabrice Bluszez
TF1
L'élection présidentielle est entrée dans sa phase active mais au terme de trois heures de débat à cinq sur TF1, ce lundi 20 mars, il semble que les positions se soient figées.
Ce qui suit est un commentaire et pas vraiment une information objective. Si vous avez regardé le débat sur TF1, à cinq candidats, ce lundi 20 mars, de 12 hures à minuit, vous avez du mérite, déjà, parce qu'il a fallu attendre 22h45 pour entendre parler du chômage... Ce fut long et un peu pénible, parfois.
Impression : à cinq, se partager 3 fois 50 minutes de débat (il y a 10 minutes de publicité), cela ne laisse pas beaucoup de temps à chacun. Quand ils seront onze, dans les deux débats suivants, pour 150 minutes, cela fera 13 minutes chacun, sans compter le temps des questions... Est-ce que deux fois 13 minutes peuvent suffirent à se faire une opinion ?
Disons-le tout net, Jean-Luc Mélenchon a été royal, impérial. Avec une vraie conviction, une voix forte, une capacité à émouvoir (quand il évoque ses parents immigrés), il a largement dominé le débat. C'est ennuyeux pour Benoît Hamon, effacé et à la voix faible, en comparaison... Mais Jean-Luc Mélenchon est un tribun. Il l'a prouvé sur les places de Paris devant des foules considérables. Pas seulement ce samedi à République. Sa sincérité peut-elle se traduire en bulletins de vote ?
Marine Le Pen elle-même s'est tue durant le petit moment de débat à gauche sur l'immigration. Pour rappeler ensuite sa position : il faut fermer les frontières. Cela dit, les frontières sont fermées depuis 1972, officiellement... Assez peu audible, elle aussi, finalement, elle a répété ce qu'elle dit sur toutes les tribunes.
Un peu comme François Fillon, lui aussi animé apparemment par une forte conviction mais qui a donné l'impression de se parler à lui-même... Avoir un candidat unique à droite est une solution qui devient un problème : il a l'air isolé au milieu du débat, sans avoir la stature permettant d'en sortir par le haut. Citant "les affaires", on a dit (était-ce Macron) qu'elles ne concernaient que deux personnes : Fillon et Le Pen... Gênant...
Emmanuel Macron a eu du mal lui aussi à faire entendre sa voix originale. Il a cependant trouvé, à un moment, un accord avec Jean-Luc Mélenchon, bon point à gauche, signe d'ouverture, aussi... Mais il a été attaqué par Benoît Hamon, répondant par un propos plus général, sur ses thèmes, sans vraiment survoler le débat...
Le Soir (Belgique) note que Macron a été le plus convaincant "avec 29%, devant Jean-Luc Mélenchon (20%), puis François Fillon et Marine Le Pen, à égalité à 19%, selon un sondage Elabe pour BFM TV. Le candidat socialiste, Benoît Hamon, arrive en dernière position à 11%"...
Valeurs Actuelles note ce mardi que Marine Le Pen reste en tête : "Avec 25,74% elle devance toujours Emmanuel Macron (22,95%). À la troisième place du classement, François Fillon revient à 22,46% d'après les mesures de la société canadienne Filteris. Derrière le candidat LR, Jean-Luc Mélenchon distance toujours Benoît Hamon (14,49% contre 10,1%)..."
The Guardian (Etats-Unis) note que Macron était apparu effacé, semblant dérouler son discours seul, sans débattre, avant d'être attaqué par Marine Le Pen lors d'une polémique sur le burkini.
Les Echos rappelle ce mardi le baromètre quotidien OpinionWay : "Marine Le Pen était créditée de 27 % des voix, contre 23 % pour Emmanuel Macron. François Fillon était distancé à 18 %, quand Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon bataillaient pour la quatrième place, avec 13 % et 12 %."
Deux autres débats sont prévus d'ici au premier tour : le 4 avril, sur les chaînes d'information, et le 20 avril sur France 2. Avec, cette fois, les onze candidats.