France Politique

Après les Régionales, le grand chambardement !

Publié le  Par Patrick Béguier

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Les élections régionales, comme annoncé, ont été déroutantes. Il n'est donc pas surprenant de voir chaque parti, courant ou écurie politique s'agiter en tous sens pour trouver la boussole qui lui permettra de se réorienter et d'atteindre la présidentielle de 2017 dans des conditions optimales.

 
 
C'est du côté des Républicains que le remue-ménage est le plus spectaculaire. Nicolas Sarkozy a la rage ! Il espérait une vague bleue en décembre. Il se retrouve avec une vaguelette et son parti doit aux électeurs socialistes la conquête de deux, voire trois Régions. Le siège politique de LR s'est déjà transformé en quartier général, l'ancien président de la république en maréchal d'Empire. Il prépare son plan de bataille : remaniement de la direction en janvier, convocation d'un Conseil national les 13 et 14 février. La stratégie pour la présidentielle de 2017 devra alors être définie. Et la primaire ? Oui, oui, on verra pour la date, semble-t-il dire. Au fond de lui, il trouve absurde qu'un officier général soit passé en revue par la troupe.
Premier effet visible de cette reprise en main : l'éviction de l'aide de camp NKM, coupable de ne pas admettre le "ni-ni" de son chef. Le pire, c'est que Nathalie Kosciusko-Morizet ne repart pas la tête basse. Tout au contraire. Elle parle "d'épuration stalinienne". On est loin de la simple discipline militaire, ce qui n'a pas échappé à Alain Juppé. "Est-ce qu'il peut y avoir des opinions diverses ou est-ce qu'on doit être en colonne par un ?" s'est-il ironiquement interrogé.
En fait, Nicolas Sarkozy veut déborder ses adversaires. Pendant la campagne des Régionales il a clairement annoncé son cap : la droite extrême pour contrer l'extrême droite. Exemple de ce bon positionnement : Laurent Wauquiez qui, contrairement à certaines têtes de liste LR-UDI-MoDem, a largement gagné son combat en Auvergne-Rhône-Alpes. Il a su incarner la droite dure, celle qui doit "retrouver une colonne vertébrale". On voit avancer l'ombre de Patrick Buisson. Nicolas Sarkozy est fâché à mort avec le personnage, mais pas avec ses idées. Conséquence logique : Laurent Wauquiez remplace NKM et devient le numéro 2 du parti.
 

Alliance ici, coalition là

 
À gauche aussi, ça bouge beaucoup. 
Manuel Valls relance son combat contre le chômage : il annonce un train de réformes "massif " (sic) en faveur de l'emploi au mois de janvier ainsi qu'une conférence des présidents de Région. Car, s'il y a l'état d'urgence, "il y a aussi l'urgence économique" et il sait que le substrat du vote FN, au-delà des angoisses sur la sécurité et l'immigration, c'est la précarité et l'abaissement social de millions de Français. Il faut "(mettre) le paquet sur la jeunesse, l'apprentissage", a-t-il lancé. Or, l'apprentissage est un des rôles majeurs confiés aux exécutifs régionaux. Le Premier ministre veut à ce point changer les comportements qu'il se dit prêt à travailler, dans un cadre plus large, avec l'opposition de droite, comme l'a évoqué de son côté… Jean-Pierre Raffarin. "C'est ce que demandent les Français autour d'une République qui protège et donne sa chance à chacun. Travaillons ensemble, même s'il y aura toujours des différences (...) dans une République bienveillante, généreuse, qui rassemble", a-t-il osé.
Sera-ce compatible avec le "nouveau mouvement" souhaité par Jean-Christophe Cambadélis ? Le premier secrétaire du PS  veut créer à la mi-février une "Alliance populaire" après la publication d'un texte fondateur soumis à débat de la fin décembre à la fin janvier. Il ne s'agira pas d'un nouveau parti, prévient-il, mais d'une "fédération de partis, de mouvements associatifs" associant largement les citoyens. Le tout est d'y croire…
Quant aux Verts, après les piètres résultats qu'ils ont obtenus ces deux dimanches de décembre et qui, encore une fois, ne doivent leur présence dans les Régions qu'à une alliance avec les socialistes (adieu, le Parti de Gauche ?), ils tentent un retour en grâce auprès de François Hollande. Cécile Duflot avait abandonné avec fracas son portefeuille de ministre du Logement avant de vilipender le locataire de l'Elysée. Voilà qu'elle lui tend la main en lui proposant une "coalition de transformation". L'intitulé est un peu bizarre. Que se cache-t-il vraiment derrière ça ? Nul doute que François Hollande y regardera à deux fois. La prudence sera de mise.
 

"Camp national"

 
Le Front national, lui, semble avoir tiré les leçons de son échec au second tour. À force d'attaquer le "système" (dont pourtant il fait désormais partie puisque nous sommes dans le tripartisme !), il se retrouve seul contre tous et ne parvient pas à soulever le plafond de verre qui l'empêche d'accéder au pouvoir. Rien ne lui servira en 2017 de dépasser son score impressionnant de 6,6 millions de voix s'il ne réussit pas à nouer des alliances. Le patriarche Jean-Marie Le Pen  le dit : "La stratégie, je crois, n'est pas parfaite". Il faut fédérer plus largement le "camp national".  C'est aussi l'avis… de son ennemi juré, Florian Philippot, qui ne comprend pas pourquoi on n'a pas déjà fait alliance avec Debout la France. Nicolas Dupont-Aignan a obtenu de bons scores, notamment en Île-de-France. Cela ne peut qu'exciter l'appétit des lepénistes.
Robert Ménard va dans le même sens. Le maire de Béziers demande au FN de s'ouvrir à des personnalités extérieures. Des personnalités indépendantes dont le dénominateur commun serait le "patriotisme". De droite, bien sûr. Il ne les veut pas simplement sur des affiches électorales pour les législatives à venir. Il entend les intégrer dans "l'élaboration du programme" et créer avec elles "une synergie".
Le Front national, après son entreprise de dédiabolisation, s'apprête-t-il à une vaste opération de Relations extérieures ?
 
 






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