Ils partaient de loin, les Bertrand et Estrosi ! Sans l'appel - solennel, presque dramatique - de Manuel Valls à la constitution d'un "front républicain", Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen auraient pu s'emparer ce soir de deux Régions importantes de l'Hexagone. Notons que Xavier Bertrand a su remercier les électeurs de gauche. "Ce n'est même pas ma victoire !" a-t-il lancé. Mais, en PACA, le "gaulliste de gauche" et "Résistant" Christian Estrosi, dans l'euphorie de son supposé triomphe, a oublié les socialistes. Ceux-ci, sans aucun doute, ne l'oublieront pas…
La gauche est ainsi, directement ou indirectement, le vrai vainqueur du second tour des Régionales. Certes, elle recule par rapport à l'ancienne configuration politique des Régions, mais on annonçait depuis si longtemps son inéluctable défaite qu'elle peut se réjouir des résultats obtenus. Elle fait mieux que résister. Son score final est comparable à celui d'un rassemblement LR-UDI-Modem qui devait, soi-disant, tout balayer sur son passage. Nicolas Sarkozy rêvait d'une vague bleue. Il se retrouve ballotté entre une marée qui, contre toute attente, monte à gauche et une marée qui ne va pas redescendre de sitôt, à l'extrême droite. La victoire de Valérie Pécresse en Île-de-France ne lui permettra pas de lancer un "fluctuat nec mergitur". Claude Bartolone, en restant "le cul entre deux chaises" et en multipliant les erreurs de communication, a tricoté sa propre défaite.
Déjà 2017 !
Curieuses, en tout cas, ont été les réactions de plusieurs leaders des Républicains. On a eu l'impression d'être déjà entré dans la campagne présidentielle. Bruno Le Maire, après un vibrant "Vive les Français !", a martelé : "Il faut renouveler la politique". Hep, s'est dit Alain Juppé ! Et le Bordelais, entre deux quintes de toux, d'affirmer sa volonté de "prendre du recul" avant d'articuler un début de programme pour 2017 : "Mon idée de la France, c'est…" (bis, ter). Quant aux autres, à l'image de Rachida Dati, ils n'ont eu que des réactions embarrassées. Même Nicolas Sarkozy a fait dans l'insipide !
Reste qu'il ne faudrait pas sous-estimer la force du courant qui a entraîné le FN vers des succès politiquement majeurs. Soit ! il se heurte, encore une fois, au fameux plafond de verre qui l'empêche d'accéder au pouvoir. Mais "on avance, on progresse", disent les lepénistes. "C'est une étape supplémentaire pour 2017", annoncent-ils. Gilbert Collard ose même affirmer : "C'est une défaite victorieuse" !
Ils sont formidables ces avocats !