France Culture

Quand s’arrêtent les larmes, de Jean-Noël Pancrazi

Publié le  Par Pascal Hébert

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Francesca Mantonvani

Évoquer la maladie est un exercice littéraire jamais simple. Mais lorsque l’on a le talent de Jean-Noël Pancrazi, la maladie laisse la place à la vie, au bonheur passé et à la compréhension d’un grand frère. Avec "Quand s’arrêtent les larmes", Jean-Noël Pancrazi ne s’est pas lancé dans un roman mais bien dans un récit touchant et vivant. Il rejoint à Perpignan Isabelle, sa sœur cadette, avec laquelle il se sent proche.

Après avoir mené une belle carrière à Versailles, cette passionnée de cinéma retrouve la préfecture des Pyrénées-Orientales. Perpignan a accueilli la famille Pancrazi à leur retour d’une Algérie qui n’était plus française. A un âge où les années comptent double lorsque la maladie vous happe, la nostalgie n’est jamais bien loin.

En retrouvant Isabelle, cette sœur avec laquelle il partage tant, le narrateur se lance dans un monologue nous faisant voyager dans le temps et l’espace. Du Maroc à Perpignan en passant par l’Algérie, nous partons à la rencontre de personnes qui ont croisé la route des enfants Pancrazi. L’auteur de ce récit met beaucoup de son cœur pour nous parler de Driss et de son frère. On croise également des personnages surprenants dans un hôpital psychiatrique où le romancier devient le parrain de la première édition du prix Folire. Alors que lui-même est hospitalisé, Jean-Noël Pancrazi, marquant son engagement social avec les immigrés, nous livre là aussi une belle galerie de portraits de malades venant d’Afrique.


Au hasard des pages, Jean-Noël Pancrazi s’interroge sur la maladie « Se battre contre qui ? Cet ennemi incertain dont on ne savait pas d’où il pouvait surgir, tel un figurant aveuglé ou rusé, dissimulé dans le dédale d’un décor qu’on croyait vide la nuit. » D’Isabelle, on retiendra également qu’elle est « fidèle au féminisme de terrain de Gisèle Halimi, son héroïne éternelle, au visage plissé par les luttes sans répit, aux yeux doux comme la mer à La Goulette. Elle l’admirait autant pour sa défense de Djamila Poupacha, constante, indomptable, même si ont la traitait alors de ‘‘putain du FLN’’ ».

Et visiblement, Jean-Noël Pancrazi ne cache pas sa fierté en parlant de sa sœur qui avait été trop longtemps maintenue au second rang : « D’où lui venait son courage, sa résistance et son envie de l’emporter, de ne pas chavirer, sa volonté de montrer qui elle était, consciente scrupuleuse, persévérante, exemplaire ? »


Avant de refermer ce petite livre intime et si vivant, difficile de ne pas souligner cette phrase pleine d’espoir pour ceux qui souffrent : « La maladie, ce n’était pas forcément une ennemie, il fallait pactiser avec elle, l’amadouer, lui demander de demeurer tranquille, au moins pour un temps afin qu’elle devienne une alliée qui veillerait à vous faire moins souffrir, toujours présente mais en retrait, presque une compagnie tous les soirs au salon face au Castillet. »


Pascal Hébert


"Quand s’arrêtent les larmes", de Jean-Noël Pancrazi. Éditions Gallimard. 128 pages. 17 €.







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